Pourquoi ce blog ?

Nous refusons de croire ce que nous savons…

La compensation carbone des voyages pose les questions de la durabilité des modèles du tourisme d’aujourd’hui :

> Peut-on réduire la quadrature du cercle, celle d'un nombre croissant de voyageurs en avion, d'un stock fini de pétrole, et d'une technologie encore inexistante, même embryonnaire, pour faire voler des avions avec autre chose que du kérosène ?
> La compensation pratiquée à ce jour induit-elle une nouvelle forme de colonialisme ?
> Quelle spéculation lègue t-elle aux générations futures ?

De vraies questions qui appellent de vraies solutions. Le tourisme, et pas seulement le transport aérien, devront subir, ou organiser leurs mutations.

Ces questions sont à peine abordées, en général, dans les articles consacrés au sujet.
Vous en trouverez sur ce blog une sélection, pour vous faire votre propre idée.

Voyageur, si ces propos te dépriment, tu peux te balader sur mes diaporamas ci-dessous...

dimanche 3 janvier 2010

Compensation des gaz à effet de serre générés par nos voyages


© Pascal Lluch 03 Janvier 2009

Il y a un an, en décembre 2008, nous avons publié un article intitulé Carbone et compensation de nos déplacements - le cas de l’aérien, repris d’ailleurs par divers sites, dont celui du Ministère du Tourisme.
Aujourd’hui, il nous semble opportun de faire le point sur ce thème, de tirer les enseignements des expériences, et d’intégrer les dernières avancées scientifiques.

Chacun aura noté qu’en quelques mois, les problématiques environnementales ont envahi le champ de la réflexion du grand public, et que ce dernier est beaucoup mieux informé. S’y rattachent aujourd’hui toutes les formes de consommation (alimentation, déplacements, énergie domestique, loisirs, etc.), et le voyage, d’agrément ou professionnel, est aujourd’hui au cœur d’une réflexion individuelle.

Rappelons que la compensation de nos émissions de gaz à effet de serre a pour objet de chercher à contre balancer une partie des nuisances générées par notre mode de vie. Ce mécanisme ne s’occupe que de notre contribution au réchauffement climatique, et non aux autres aspects de la pollution générée. Ainsi, compenser un déplacement consiste à évaluer la quantité de Gaz à Effet de Serre (GES) émise pour ce déplacement et à financer un projet censé diminuer de la même quantité les émissions de GES.


Nous essayerons de clarifier les discours, et de faire, si possible, la part entre les bonnes intentions, le marketing, la réalité et le possible.

Dans l’article précédent, nous émettions quatre vœux, que nous allons passer en revue :

1/ une harmonisation des modes de calcul des émissions de CO2.

Aujourd’hui il existe différents sites permettant de faire en ligne une simulation pour évaluer la masse des GES à compenser en fonction d’un déplacement (ou de tous nos actes de la vie quotidienne). Le meilleur est celui de l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie). Il est utilisé par tous les professionnels qui font des bilans carbone, et par de nombreux organismes de compensations.
Rappelons qu’ensuite une valeur est donnée à la tonne de GES, pour calculer le montant en Euros à compenser, c'est-à-dire à dépenser, en finançant un projet visant à éviter une production équivalente de GES (amélioration de l’efficacité énergétique, stockage de CO2, etc.).

2/ une harmonisation des standards, et la définition d’un label de haut niveau, car on voit déjà poindre la concurrence entre ces organismes non contrôlés, c'est-à-dire celui qui évaluera vos émissions les plus basses pour un même déplacement, ou qui proposera la tonne la moins chère. …
3/ une transparence des modes de calcul et des actions engagées, et donc le bénéfice réel pour l’environnement ; c’est le seul moyen d’amener les voyageurs vers les programmes volontaires de compensation.

Ces deux points se rejoignent : pour qu’une compensation soit supposée efficace, donc réelle, il faut réunir au minimum deux conditions :

Ø Que l’on puisse prouver que le projet financé par des fonds provenant de collecte des programmes de compensation soit simplement… efficace.
C'est-à-dire qu’il y ait réellement économie de production de GES. La quantification de cette économie et le fait qu’elle perdure dans le temps constituent deux éléments essentiels ; mais ils sont difficiles à évaluer, et surtout garantir.

Ø Que le principe d’additionnalité soit absolument respecté ; c'est-à-dire qu’il faut être certain que le projet financé, non seulement va permettre une économie d’émissions de GES, mais que cette économie n’aurait pas pu exister sans que le projet soit (co)financé par le programme de compensation.

Techniquement, l’évaluation de la pertinence de la mesure compensatrice doit donc répondre à cinq questions, cinq difficultés :

1. La mesurabilité (en tenant compte des fuites – les arbres replantés sur une parcelle, et ceux coupés à côté par le même propriétaire, les émissions générées par la certification et la vérification, etc.)

2. Le vérifiable (il y a eu un état 0, c à d une évaluation des émissions de GES sans l’apport du projet, puis une évaluation est faite chaque année pour un bilan, vérifiant que les certificats ont été vendus à un juste prix)
3. La permanence (le projet finance des énergies qui resteront renouvelables ; les émissions de GES ne sont pas différées, et aléatoires comme avec le bois, etc.)
4. La non rentabilité immédiate
5. La cinquième, la condition d’additionnalité, est la plus importante ; son non respect annule purement et simplement la notion de compensation, quelle que soit la qualité du projet auquel elle est associée.

Le consommateur ne dispose que d’un seul élément lui garantissant le bon emploi de sa contribution : le certificat MDP - ou Mécanisme de Développement Propre. Totalement indépendant des prescripteurs, des vendeurs de projets, des réalisateurs de projets, ils sont définis et attribués par la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). C’est à ce jour le seul moyen de s'assurer qu'un projet « générera » réellement des GES non émis.
Ainsi l’ONU valide t-elle des projets, qui sont sur le marché, en délivrant des certificats. C’est à dire que les porteurs de projets validés ont des quotas de crédits carbone qu’ils peuvent vendre (ce qui les aide à développer leur projet) à un opérateur en compensation carbone, celui à qui vous (ou l'agence de voyages) allez acheter la compensation de votre voyage (ou de vos déplacements quotidiens et/ou le chauffage de votre habitat).
Le protocole est lourd, mais il est la garantie du meilleur emploi possible des crédits vendus. Il est donc évident que la compensation (volontaire ou non !) s'accommode mal de petits projets.

Pourquoi les vendeurs de compensation n’en parlent généralement pas ?
Parce que l’opérateur préfèrera choisir ses fournisseurs qui lui vendront des tonnes de carbone liées à des projets plus ou moins sérieux, donc bon marché, suivant les différents niveaux de certification (CER, VER, ou... aucun d’entre eux ! cf. infra). L’important sera ce que retient le client.

Voyager en avion : que nous disent les chiffres et les offres des voyagistes ?
Le niveau moyen en France d’émission de GES est de neuf tonnes / pers/ an.
Dans la perspective d'un véritable développement soutenable, chaque humain ne devrait pas dépasser un quota de deux tonnes par an, pour tous les aspects de sa vie (nourriture, chauffage, déplacements, consommation, déchets). C'est, grosso modo, l’empreinte écologique.
Un vol en classe économique Paris / New York émet 2,56 tonnes.

Peut-on « optimiser » sa distance de vol ?
Prenons le cas d’un axe Paris – Marseille – Djanet (Algérie), 3 villes presque alignées. En théorie, un vol Paris - Djanet produit 1,23 T de GES par passager, alors qu’un Marseille - Djanet en produira 0,95 T (source ADEME – incertitude 20%). Le TGV reliant Paris à Marseille étant en comparaison négligeable, on peut considérer que voler de Marseille vers le sud plutôt que de Paris est une bonne affaire climatique. Mais à une condition : que le vol de Paris soit supprimé. Ce qui dépend du choix de chacun.
Le trajet effectué en TGV ne pourra donc dédouaner la conscience du voyageur que si une grande majorité fait ce choix, permettant à l’avionneur de ne proposer que le vol de Marseille.

Les vols courts
Les compagnies low-cost ont basé leur développement sur la multiplication de lignes domestiques ou européennes, desservies par des appareils de petite capacité ; elles sont responsables de l’augmentation du trafic aérien, sur de courtes distances, et pour du séjour court ; le plus souvent en bénéficiant d’aides publiques, un comble. Or on sait que c’est au décollage qu’un avion consomme une proportion importante de son kérosène ; l’avion devrait être réservé au moyen, sinon long courrier. De plus ces axes aériens sont souvent en compétition avec le train, qui n’est que très faiblement émetteur de GES. Une politique réaliste du développement des moyens de transport devrait empêcher ce mode de concurrence désastreux pour l’environnement.

Les offres de programmes de compensation (du voyage dans son entier) des voyagistes sont variées ; exemples :
Ø Le financement d’un simple programme porté par une ONG, toujours dans un pays pauvre, « auto certifié » ; l’ONG a plutôt trouvé, en partenariat avec un opérateur (un voyagiste par exemple), un mode de financement d’un projet de développement. La part de gain de GES n’est pas ou peu évaluée, faute d’un outil et d’expertises pertinents. Si hors du cadre de cet article ce type de portage de projet n’est pas contestable, il faut noter que l’on est assez éloigné d’un programme de compensation d’émissions de GES. On peut néanmoins se poser la question sur la « logique » d’appuyer l’accès à l’eau dans les pays pauvres à la production excessive de GES de nos vols en avion...

Ø Un organisme de développement en pays émergents propose que le montant de votre compensation soit effectivement affecté à des projets de développement, dont la part énergétique peut être mineure, mais assez clairement définie.

Ø L’alimentation d’une fondation, créée pour l’occasion, par un opérateur ; il garde le contrôle des sommes versées par ses clients, dans une transparence toute relative. Les fonds sont déclarés destinés à un programme de reforestation.

Ø Une compagnie aérienne propose de participer à un programme d’énergie renouvelable (hydraulique) au Brésil, certifié par le mécanisme de développement propre (MDP).


Les modes de collecte varient eux aussi :

Ø Le montant à compenser (calculé comment ?) est intégré au forfait ; il est possible ou pas de le retrancher

Ø L’adresse d’un organisme de vente de crédit carbone est fournie, avec le montant à compenser

Ø Le prix du voyage inclut le montant de la compensation à hauteur de 20% des GES émis (pourquoi 20% ? pour rappeler l’objectif de baisse des émissions de GES à l’horizon 2020 ? ce qui n’a rien à voir bien sûr)

Nous voyons donc que les offres sont liées, d’une manière ou d’une autre, et dans la plupart des cas, à une offre captive et/ou pire, peu lisible.

La compensation carbone questionne le tourisme

4/ [V.V.E.] insiste pour dire que la compensation, volontaire ou obligatoire, n’est pas un passeport pour polluer en toute bonne conscience ; et ne peut permettre l’économie d’une réflexion sur nos modes de consommation des transports.

Nous voyons que réfléchir sur les mécanismes de compensation carbone mène tout droit à une réflexion sur nos modes de déplacement… qui relève de la quadrature du cercle.
Alors instrument de bonne conscience ? Grâce aux outils de calcul, la compensation carbone ne sert-elle qu’à rendre invisibles les nuisances engendrées ? Comment penser que dépenser 50 € en plus de son voyage va effacer celui-ci ? Serait-ce si simple ?

La vraie question serait-elle que les transports, en particulier le transport aérien, sont trop accessibles ? Il y a en permanence plus de deux millions de personnes volant en avion (dont 500 000 Américains).
Les mesures de compensation proposées par des voyagistes relèvent-elles du greenwashing ?
On peut se le demander dans la mesure où la plupart des programmes qu’ils soutiennent ne garantissent ni contraintes ni vérifications susceptibles d’être exigées.

Mais faut-il demander à un voyagiste de compenser nos propres trajets en avion (ou le forfait complet) ? Il n’est pas propriétaire des avions et de leurs nuisances ; il ne fait qu’incorporer à son forfait un service que demande le consommateur. Il incombe donc au consommateur de se renseigner, et de juger lui-même, par une démarche volontaire, s’il doit essayer de compenser ses déplacements en avion, et acheter ce service à l’opérateur qui lui semble le plus pertinent. Cela éviterait les offres sans valeur, à la fois juge et partie, et la récupération de la réflexion, par les opérateurs touristiques, qui ont intérêt à « verdir » leurs activités. Et surtout à éviter que chacun ne se détourne des voyages utilisant l’avion. Notons que les programmes de cumul de Mile’s sont plus visibles encore dans la communication ; poussant à consommer, ils sont plutôt en contradiction avec une réduction de nos GES.

Le coût des voyages n’a cessé de baisser, comme nous l’avons montré dans un article consacré au sujet ; et cela est en grande partie dû au prix des trajets aériens orientés à la baisse depuis des décennies, en particulier sur les destinations moyen courrier. Cela induit un plus grand nombre de voyageurs en avion (+ 6% par an depuis 20 ans), et la multiplication des vols sur une année pour de nombreux clients (2 milliards de passagers cumulés chaque année – source IATA).

Alors, la ou les solutions ?

Les outils, comme le Bilan Carbone® de l’ADEME, permettent d’évaluer le poids de GES généré par une activité humaine donnée ;
On cherche alors une action économique qui générera (ou mieux qui génère) une même valeur de GES non émis, les effets positifs de l’une compensant ceux négatifs de l’autre.
Mais compenser n’est pas annuler ; la neutralité carbone n’existe pas, car il y a bien eu émission de GES…

Revenons sur la compensation par les projets de (re)forestation :

En proposant des projets de reforestation dans le cadre d’une compensation (bois en échange de pétrole consommé), on cherche à mettre en parallèle, des cycles de carbone différents, qui ne sont ni synchrones, ni de même nature.
Le carbone issu du pétrole (cycle dit passif) a mis des millions d’années à se constituer à partir de végétaux dans les profondeurs du sol (en l’absence d’oxygène donc sans libération du CO2 à ce moment). Le cycle de vie d’une forêt va se dérouler à l’air libre (cycle dit actif) ; son bilan est neutre puisque le carbone stocké sera libéré, que ce soit par le feu ou par la décomposition.

Si les conditions de cette reforestation sont au moins aussi importantes que le fait de reforester, on peut considérer que c’est une bonne action (pour des populations, la biodiversité, etc.). Pour autant il est difficile de faire passer ces actions pour de la compensation carbone. Notre premier article consacrait tout un paragraphe au sujet. Aujourd’hui, l’augmentation de la température moyenne de 2° C ne fait pas de doute ; les conditions biogéographiques vont changer. Et on ne peut à l’évidence pas planter aujourd’hui des arbres adaptés au climat de demain. Redisons qu’une forêt arrivée à maturité rejette autant de CO2 qu’elle n’en séquestre.
Et par-dessus tout, il faudrait être sûr que la forêt n’aurait pas poussé naturellement, selon le principe d’additionnalité que nous retrouvons une fois encore.
Nous voyons, sur le principe même, qu’il est quasi impossible que cette solution réponde réellement à tous les critères énoncés supra.
L’hydraulique, elle, est immédiatement productive d’énergie renouvelable, en continu, là où cette énergie aurait pu être produite avec des énergies fossiles, si un tel projet n’avait pas été mené. Un programme d’amélioration de l’efficacité énergétique est aussi à effet immédiat.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, un projet producteur d’énergie solaire est lié au futur (« je vous vends le soleil de demain »).

Alors pourquoi les programmes forestiers ont-ils tant de succès, du moins dans l’offre ?
Si ce moyen est le moins sûr, c’est aussi le moins cher à mettre en œuvre. Et il est plus facile de communiquer sur des hectares que des kilowatt/heure immatériels. Ce lien à la terre est aussi culturel (l’arbre racine, « la terre, elle, ne ment pas », etc.). Difficile de ne pas penser que l’on privilégie la communication, l’occupation de l’espace du débat, le verdissement grâce à forêt…

Ce débat sur les compensations carbone tend à montrer que l’on cherche des mécanismes de régulation, sans se donner les moyens d’action. Lesquels relèvent aussi de la législation, des autorités de tutelle et de leurs choix politiques.

Peu de voyageurs sont informés du fait, par exemple, que depuis une décision datant de l’après guerre, visant à promouvoir le transport aérien, vecteur de croissante, le kérosène n’est pas soumis à la taxe sur les carburants (la fameuse TIPP, qui représente 60 % du prix de l’essence à la pompe, et qui rapporte 25 milliards d’Euros chaque année). Le prix de nos billets d’avion s’en trouve anormalement minoré, faussant au passage la concurrence (la ligne de défense des affréteurs est que ce carburant est souvent exporté). Le transport aérien ne fait toujours pas partie du marché des quotas internationaux.
Seule une taxe carbone généralisée (à la consommation ou à l’extraction) permettrait les rééquilibrages qui s’imposent, orienterait nos comportements, favoriserait les moyens de transport peu émetteurs de GES, et dégagerait des fonds pour améliorer ici et maintenant l’efficacité énergétique.
Notons que nous lisons parfois qu’un vol en avion peut se justifier si on part longtemps ; ceci a un sens limité, puisque les GES émis par le transport sont indépendants de la durée du séjour ; les variables d’ajustement sont le temps de loisir disponible, ainsi que le budget du voyageur, qui pourra ou ne pourra pas prendre l’avion plusieurs fois par an…

En résumé, le financement de programmes de compensation d’émissions de GES devrait se limiter à deux domaines, l’hydraulique et l’efficacité énergétique. Eux seuls répondent aux critères permettant, au mieux, de s’assurer de la conversion de votre argent en non émission de GES. Il faut pour cela qu’ils soient certifiés par le mécanisme des MDP. Les certificats type VER ne sont pas, à notre sens, suffisants.
Il est indispensable de différer le moins possible la compensation dans le temps ; plus le temps entre l’émission des GES et les effets d’un projet visant à les compenser sera court, plus crédible et effective sera la compensation. L’idéal serait d’ailleurs de financer d’abord des projets, et dépenser ensuite une sorte de crédit carbone individuel…
L’additionnalité restera toujours la pierre d’achoppement de tout projet : comment prouver a priori, donc sur un scénario spéculatif, que le projet n’aurait pas eu lieu sans votre apport ? Alors que vos émissions de GES, elles, auront bien eu lieu.

Combien coûte une compensation chez un opérateur qui ne vend que du crédit carbone CER/MDP ?
Votre vol Paris / Conakry (vol direct) vous « coûtera » 2,04 T, soit l’empreinte écologique annuelle acceptable par terrien.
CO2logic 54 €
CLIMACT 54 €
Climat Mundi 38 € (CER/MDP à 93%)
Pour information, Action Carbone vous vendra 41 € la même compensation, mais sur des projets VER ; les VER (Verified emission reductions) ne sont pas attribués par l’ONU, mais sont un accord entre le porteur de projet et l’organisme, ce qui est très différent.

Nous constatons que le surcoût induit par la compensation dissuade et dissuadera peu de personnes d’effectuer le voyage projeté.

Comparons les émissions de GES entre les différents moyens de transports (source ADEME) ; si nous prenons par exemple 2000 Km :


Avion 0,51 T (Paris/Rome en A/R par exemple)
Voiture 0,43 T (interurbain 8 L/100 Km, divisible par le nombre de passagers)
TGV 0,005 T (mais 0,134 en Allemagne ; car l’électricité allemande provient en partie du charbon)
Corail 0,026 T
Autocar 0,08 T (1 passager en interurbain)
Minibus 0,25 T (pour 1 passager)


La meilleure utilisation des outils de mesure des GES reste de quantifier les effets des économies d’énergies, les améliorations de l’efficacité énergétique générées par les choix dans nos modes de vie, et ce que peut apporter la technologie.

La compensation carbone n’a de sens que si elle est concomitante à une réduction massive des émissions. Elle ne peut avoir qu’un rôle secondaire ; il faut refuser de croire que l’on peut tout compenser.
Si tout le monde compense, mais continue à prendre l’avion, que se passera t-il ? Les avions puisent dans un stock fini ; ce pétrole-là est-il le mieux utilisé ?
La logique est de réduire d’abord son empreinte énergétique, puis de compenser ce qui ne peut être réduit. Dans les faits nous faisons l’inverse.

Changer d’approche, redescendre sur terre ?

Le monde du tourisme devra faire sa révolution, sa transition ; elle est d’ailleurs en marche : tourisme solidaire, volontourisme, mobilité douce, tourisme de proximité, etc. sont des notions qui font leur chemin. Nous réapprendrons que l’important n’est pas d’arriver mais de voyager, que les possibilités offertes par le train, le bateau, les véhicules partagés sont inépuisables. Simplement, nous regarderons le planisphère un peu différemment… Et le rapport au temps changera aussi.

Si l’enjeu est de moins et/ou mieux voyager, il s’agit aussi d’acheter des biens (durables) qui voyagent moins pour nous parvenir ; puisque
1/ la réduction de nos émissions individuelles de GES doit s’aborder globalement,
2/ les importations massives de nos biens de consommation sont une externalisation des émissions de GES.

En attendant que les GES de chaque produit que nous consommons puissent être ajouté à notre empreinte écologique (assimilable à un compte carbone), qui rappelons-le devrait se limiter à 2 T/an (voir note 2, comment faire son bilan carbone), nos choix de consommation quotidiens (limités, durables, issus de circuits courts) pourront ainsi nous permettre de voyager, de manière soutenable.
Voyager devra de toutes façons changer de sens…

Ce qui implique l’évaluation en continu du bilan carbone de son foyer. Nous ne le faisons pas encore, mais pour combien de temps ?

Chacun à son niveau, en adhérant ou pas à des programmes de compensation carbone, peut aussi choisir librement de participer au financement d’actions en France visant à réduire notre dépendance aux énergies fossiles (qui est le fond du problème), à la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Pascal Lluch, pour V.V.E.
Mon blog rassemble des informations sur la compensation carbone

NOTES

1. Carbone, CO2, GES sont équivalents dans la littérature relative à la compensation ; ils évoquent les gaz émis lors de la combustion des énergies fossiles et sont au nombre de 6 ; le CO2 (dioxyde de carbone) est la molécule la plus présente, mais pas forcément la plus nocive. Le méthane est 40 fois plus réchauffant, mais à une durée de vie plus courte que celle du CO2 (100 ans est la durée communément admise de cette dernière).
2. Empreinte écologique : un des meilleurs sites pour calculer son empreinte écologique est http://www.bilancarbonepersonnel.org/ ; on peut faire des simulations, sauvegarder des profils sur plusieurs années (voir aussi Le Climat entre nos mains, Greenpeace puis « Sur la compensation carbone »).
3. Les Amis de la terre ont publié un rapport sur les faiblesses du mécanisme des MDP, et demandent l’abandon de la compensation carbone
4. Un article qui explique les principes du marché du carbone et pourquoi il faut ne faut pas inclure les forêts dans les MDP
6. La revue Carnets d’Aventure ne relate quasi que des longs voyages effectués sans avion, voire sans moyens motorisés ; elle a édité un dossier intéressant (hors série N° 3) consacré à la question des voyages écologiques.
8. L’empreinte carbone : seule certitude pour Copenhague : un article de l’Usine Nouvelle 18 12 2009
9. La compensation carbone illusion ou solution ? Augustin Fragnière, PUF, novembre 2009, 208 p., 13 €. Un excellent petit ouvrage indispensable.
10. Nous écrivions en 2008 que « l’achat de CO2 à un organisme français est déductible à hauteur de 66 % de votre impôt » ; ceci est faux, et les organismes qui vous fournissent des attestations pour bénéficier de la déduction de vos revenus d’une partie de la contribution à un projet de réduction des GES n’est pas légalement possible ; il s’agit d’un achat et non d’un don.« Le Journal officiel de la République française dans une réponse ministérielle à une question parlementaire indique : "Les personnes physiques et les personnes morales ne bénéficient d'aucune réduction d'impôt au titre des versements effectués en contrepartie du service de compensation de gaz à effet de serre." (JO du 5 août 2008, édition des questions de l'Assemblée nationale, page 6784). Comme indiqué sur le site de l'Assemblée nationale, "les réponses aux questions [parlementaires] n'ont en principe aucune valeur juridique et ne lient pas l'administration sauf en matière fiscale où elles sont considérées comme exprimant l'interprétation administrative des textes" (http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/fiches_synthese/fiche_47.asp). "[Les réponses ministérielles] sont [...] considérées comme exprimant la doctrine administrative au même titre que les instructions ou circulaires" (http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/collection/4.asp#P355_69149) ». Cette information est tirée du site Climat Mundi, pertinent sur les différents aspects de la compensation carbone (et vendeur de quotas de crédit carbone).





Pour mieux comprendre la dynamique qui régit l’achat de crédits de carbone lors de voyages à bilan « carbone neutre »

Julianna Priskin 26 07 2007 (Canada)
Pour mieux comprendre la dynamique qui régit l’achat de crédits de carbone lors de voyages à bilan « carbone neutre »
La compensation volontaire de carbone peut s’appliquer à toutes les activités qui génèrent des gaz à effet de serre (GES). Il s’agit essentiellement de payer des frais supplémentaires pour acheter des crédits de carbone qui seront investis dans des projets de compensation. Pour respecter un bilan «carbone neutre», la quantité de crédits de carbone achetée doit égaler la quantité d’émissions produites.

Avoir un bilan carbone neutre en tourisme est principalement associé au secteur des transports. Toutefois, de plus en plus, les hôtels, les événements et même les compagnies de location de voitures proposent de neutraliser leur empreinte écologique. Même si le principe du «carbone neutre» n’est pas encore appliqué par tous, il est en croissance. Par exemple, en 2005, 0,5 % des passagers de British Airways ont effectué des voyages «carbone neutre» alors que ce nombre est présentement estimé à 1%. Certains rapports révèlent que le marché de la compensation volontaire des émissions de carbone a augmenté de 1000% de 2002 à 2005. Comme ce marché n’est pas réglementé, il faut prendre conscience d’un certain nombre d’enjeux qui en résultent.

Mise en contexte du système de compensation des émissions de carbone
L’achat volontaire de crédits de carbone fonctionne en dehors des mécanismes prévus au Protocole de Kyoto. Pour les particuliers comme pour les entreprises, ce système contribue de manière importante à l’atténuation des changements climatiques; il s’agit aussi d’un bon exemple d’application volontaire du principe pollueur-payeur.
Le Protocole de Kyoto, un cadre obligatoire pour les pays signataires, inclut trois principaux mécanismes:
> les «échanges» de permis d’émission de carbone,
> les projets du mécanisme de développement propre (MDP),
> les projets de mise en œuvre conjointe (MOC).

L’échange de permis d’émission de carbone est une mesure d’allocation qui fixe la limite de pollution que les pays signataires du Protocole de Kyoto peuvent émettre. Ceux qui émettent plus qu’il ne leur est permis doivent acheter des crédits de ceux qui se situent sous leur limite, par le biais du marché du carbone, par exemple le marché européen des permis d’émission. Actuellement, cette mesure touche principalement les compagnies d’électricité et le secteur manufacturier. Elle ne concerne pas encore l’industrie touristique ni les compagnies aériennes, bien que ces dernières subissent d’importantes pressions.
D’autres mesures incluent des projets spécifiques qui permettront de réduire les GES. Ces projets de compensation créent de nouveaux crédits de carbone et comprennent, à titre d’exemple, la production d’énergie renouvelable, le développement de technologies liées à l’efficacité énergétique et le stockage du carbone. Les projets de compensation adoptés en lien avec le Protocole de Kyoto sont gérés par les gouvernements signataires. Tel que mentionné précédemment, il en existe deux types: les projets du «mécanisme de développement propre» permettent aux pays industrialisés d’investir dans des projets localisés dans des pays en développement afin de contribuer au développement durable de ces pays, alors que les projets de «mise en œuvre conjointe» concernent les investissements entre pays développés. En général, l’achat de crédits par les voyageurs pour compenser ou neutraliser leurs activités ne s’inscrit pas dans ce genre de projets, mais il y a des exceptions, dont «Atmosfair», un organisme de compensation.
L’achat volontaire de crédits de carbone n’équivaut pas, en termes absolus, à la réduction des émissions puisque la pollution subsiste. Il est donc essentiel que tout le monde participe aux efforts de réduction. Quelques chercheurs suggèrent que, pour réduire la contribution de GES du secteur de l’aviation de 10%, l’achat volontaire de crédits de carbone devrait se multiplier au moins par 400.

Dix choses à savoir avant de choisir d’avoir un bilan «carbone neutre»
1. Différents types d’organisations qui vendent des crédits de carbone
Environ 40 organismes vendent des crédits de carbone et l’augmentation de leur nombre entraîne des problèmes de transparence. Parmi ces compagnies, certaines sont à but lucratif, d’autres non, mais elles sont toutes situées dans des pays industrialisés. Elles versent de 25% à 90% de leurs revenus à des projets de compensation. Certaines gardent donc un montant important pour payer leurs frais d’exploitation.

2. Variations dans le calcul des émissions
Il existe d’énormes différences (jusqu’à 3 fois plus) entre les systèmes de mesure des émissions de carbone utilisés par les organisations qui vendent des crédits de carbone. Il importe de standardiser ces modes de calcul pour augmenter leur crédibilité. Les systèmes doivent êtres à la fois informatifs et précis. En général, plus le nombre de paramètres utilisés est élevé, plus le calcul des émissions de carbone devrait être précis. En ce qui concerne le calcul des émissions provenant des avions, un bon système de mesure prend en compte la distance exacte des déplacements, le forçage radiatif (radiative forcing) à différentes altitudes selon la longueur du vol, le taux d’occupation, l’altitude de vol ainsi que le type d’avion.

3. Coût des crédits de carbone
Comme le marché volontaire des crédits de carbone évolue à l’extérieur des mécanismes de Kyoto et qu’il n’est ni réglementé ni standardisé, le prix d’une tonne de carbone varie selon les organisations, allant de 3 $ à 43 $ la tonne.

4. Types et qualité des projets soutenus
Parmi les trois principaux types de projets de compensation du carbone, les plus favorables incluent la production d’énergie «sans émission» (éolienne, biomasse, solaire, géothermique, etc.) et le développement de nouvelles technologies (qui utilisent moins d’énergie, telles les voitures hybrides).
Lorsqu’on investit dans ces projets, le principal problème rencontré est lié à l’«additionnalité», un terme qui fait l’objet de discussions dans la comptabilité du carbone. Avant d’acheter des crédits de carbone, il importe de savoir si les projets soutenus contribuent véritablement à la réduction des GES. La question à se poser est la suivante: si je n’avais pas financé ce projet, existerait-il? Si la réponse est oui, ce n’est pas un réel projet de réduction parce que son financement n’est pas venu d’un achat de crédits de carbone.
5. Gare aux plantations d’arbres
Les voyageurs qui ont l’intention de voyager avec un bilan «carbone neutre» doivent être bien informés sur les crédits de carbone qui financent la plantation d’arbres. Les indices montrent qu’il existe beaucoup trop de problèmes et de controverses à cet effet et c’est pourquoi certaines organisations n’offrent aucun crédit de carbone pour ce genre de projet. Planter des arbres ne résoudra pas seul les problèmes de changements climatiques, car cela ne mène pas à une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles (analyse à lire dans un prochain Globe-Veilleur).

6. Acheter des crédits de carbone de haute qualité
Les compagnies qui vendent des crédits de carbone peuvent oeuvrer ou non à l’intérieur du cadre du Protocole de Kyoto. L’avantage, pour celles qui y adhèrent, est que la réduction des émissions est vérifiée à l’aide d’un cadre réglementé, géré par les gouvernements qui sont partie prenante du Protocole.

7. Acheter de futurs crédits de carbone
Les voyageurs doivent également savoir que certaines organisations vendent des crédits de carbone pour des projets existants ou des projets futurs. Étant donné qu’un projet peut ne jamais se réaliser ou être moins performant que prévu, il est risqué d’acheter des crédits pour des projets éventuels. Il est toutefois important d’investir dans des projets en démarrage pour donner le coup d’envoi aux nouveaux projets de compensation.
8. Labels de conformité des projets
Bien qu’elles commencent à se développer, il n’existe actuellement aucune norme pour évaluer la performance des projets de compensation volontaire. Cependant, la Gold Standard Foundation offre un label de qualité – actuellement le plus fiable – aux projets associés au Protocole de Kyoto ainsi qu’à certains autres projets à base volontaire. Des tierces parties évaluent rigoureusement la qualité environnementale des projets. La Gold Standard vise exclusivement les projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique.

9. Emplacement des projets de compensation
Certains projets de compensation sont situés dans des pays en développement et plusieurs d’entre eux ont créé des problèmes d’ordre environnemental et social (tels que la délocalisation des populations, la perte d’accès aux ressources vitales, etc.); c’est pourquoi les voyageurs qui achètent des crédits de carbone doivent s’assurer que les projets répondent aux normes et aux standards de manière à apporter aux pays concernés des bénéfices à long terme.
10. Organisations de compensation les plus compétentes
Deux récentes études qui ont évalué les organisations de compensation recommandent les suivantes: Atmosfair, Climate Friendly, Myclimate et NativeEnergy.

Et ensuite ?
Pour s’assurer que les dépenses supplémentaires des voyageurs et de l’industrie touristique correspondent aux attentes, il est indispensable de répondre aux questions soulevées précédemment.

Le changement climatique est un problème global qui nécessite des solutions globales. Si l’industrie touristique veut garder confiance dans les projets de compensation des émissions de carbone, la méthode de calcul doit être standardisée et les projets doivent être certifiés et accrédités par une organisation compétente.

Entre-temps, il importe de réduire les émissions et de chercher des solutions de rechange à l’utilisation d’énergies fossiles qui contribuent aux changements climatiques. Si nous voulons obtenir un bilan «carbone neutre», nous devons nous assurer que l’argent des crédits soit investi dans des projets de qualité.

1 Le carbone réfère au dioxyde de carbone. Les projets de compensation du carbone incluent parfois la compensation d’autres gaz à effet de serre. Le Protocole de Kyoto reconnaît six responsables du réchauffement: le dioxyde de carbone (gaz carbonique), le méthane, l’oxyde nitreux, les hydrofluorocarbones, les perfluorocarbones et l’hexafluorure de soufre.

Sources:
- Anonymous. The Economist. Carbon Offsets: Ripping Off Would-be greens? The Economist, vol. 382, no 8520, 2007, p. 61.
- Anonymous. The New Internationalist. Special Report on Carbon-related Issues. The New Internationalist, juillet 2006, no 391.
- Site Internet d’Atmosfair. [www.atmosfair.de] (dernière consultation le 4 juillet 2007).
- Site Internet de Climate Friendly. [www.climatefriendly.com] (dernière consultation le 4 juillet 2007).
- Heughebaert, A. Étude comparative des programmes de compensation volontaire des émissions de C02 par les passagers d’avions. Institut de Gestion de l’environnement et de l’aménagement du territoire, Université Libre de Bruxelles, 2006, 98 p.
- International Civil Aviation Organization. Presentations and Statements. ICAO Colloquium on Aviation Emissions with Exhibition, tenu à Montréal, Canada 14-16 mai 2007.
- Site Internet de Gold Standard Foundation. [www.goldstandard.org] (dernière consultation le 11 juin 2007).
- Gössling, S., J. Broderick, P. Upham, J. Ceron, G. Dubois, P. Peeters et W. Strasdas. Voluntary Carbon Offsetting Schemes for Aviation: Efficiency, Credibility and Sustainable Tourism. Journal of Sustainable Tourism, vol. 15, no 3, 2007, p. 223-248.
- Kollmuss, A. et B. Bowell. Voluntary Offsets for Air-travel Carbon Emissions. Evaluations and Recommendations of Voluntary Offset Companies. Tufts Climate Initiative, 2007, 53 p.
-Luzadder, K. Agent Issues: Carbon-offset Programs: a Reality Check. [www.travelweekly.com], 14 juin 2007, 5 p.
- Site Internet de Myclimate.[www.myclimate.org] (dernière consultation le 4 juillet 2007.)
- Site Internet de NativeEnergy. [www.nativeenergy.com] (dernière consultation le 4 juillet 2007.)
-Tufts Climate Initiative. A Consumer Handout. Flying Green. How to protect the Climate and Travel Responsibility. Tufts Climate Initiative, 2006, 5 p.
- Site Internet de United Nations Framework on Climate Change. [http://unfccc.int/2860.php] (dernière consultation le 28 juin 2007).

Compenser vos émissions de gaz à effet de serre par la plantation d'arbres ?

Julianna Priskin 16 11 2007 (Canada)
Les voyages à bilan de carbone neutre connaissent actuellement un engouement auprès des voyageurs. Toutefois, des données fiables sur la taille de ce marché ne sont pas encore disponibles. Pour faire des voyages ou des affaires à bilan «carbone neutre», il existe des mesures de compensation des émissions de gaz à effet de serre(1) volontaires et axées sur le marché. (Lire aussi: Pour mieux comprendre la dynamique qui régit l’achat de crédits de carbone lors de voyages à bilan «carbone neutre».) Au moyen d’une calculatrice Internet, on peut facilement estimer la quantité d’émissions produites et ainsi acheter quelques crédits offerts par une entreprise qui s’engage à planter des arbres qui absorberont, au cours de leur vie, l’équivalent des émissions polluantes. À titre d’exemple, Air Canada propose à sa clientèle ce type de service, en collaboration avec l’organisme sans but lucratif Zerofootprint. Depuis le lancement de ce programme en mai 2007, les passagers d’Air Canada ont compensé un total de 2224 tonnes d’émissions de CO2 grâce à 445 arbres plantés dans le cadre d’un projet forestier de restauration situé à Maple Ridge en Colombie-Britannique. Cette mesure équivaut à retirer 727 voitures de la circulation pendant une année.

La popularité des programmes d’achat de crédits de carbone par la plantation d’arbres s’explique par leur simplicité et par l’image verte et propre qu’ils projettent. Du point de vue commercial, les coûts de mise en œuvre de puits de carbone forestier sont 90% moins élevés que la mise au point et l’implantation de technologies écoénergétiques. Si la plantation d’arbres est un pas dans la bonne direction, il faut néanmoins prendre conscience des enjeux entourant les projets de séquestration du carbone.

Enjeux
On se rend compte que les arbres ont un rôle à jouer dans la réduction des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre. Bien gérés, les programmes de plantation d’arbres peuvent aider à résoudre d’autres problèmes environnementaux et à générer des revenus. Ils peuvent également être une source de problèmes.

1. Les projets de foresterie emmagasinent le carbone seulement durant la vie des arbres. Quand ceux-ci meurent, sont coupés ou détruits par la nature ou par d’autres processus (le feu par exemple), le carbone est alors relâché dans l’atmosphère. Dans un tel cas, le client n’a pas été en mesure de compenser les émissions de carbone.

2. Une fois la forêt implantée, la quantité de carbone emmagasinée pendant la durée entière du projet est complexe à mesurer. Cette question fait présentement l’objet d’un débat scientifique.
3. La superficie de l’espace terrestre est insuffisante pour emmagasiner l’ensemble des émissions excédentaires déjà présentes dans l’atmosphère. Compte tenu, entre autres, de facteurs biogéographiques, les terrains disponibles aujourd’hui ne peuvent pas tous accueillir un projet de puits de carbone forestier.
4. Le degré d’efficacité d’un projet forestier varie selon les espèces arborescentes sélectionnées. Les agroforêts composées d’une multitude d’espèces offrent une plus grande capacité de stockage du carbone, une biodiversité plus élevée et, potentiellement, de nombreux avantages pour l’économie locale. Les plantations en monoculture (par exemple les essences non indigènes comme les eucalyptus ou les pins) ne mettent pas en valeur la biodiversité, se prêtent mal à l’établissement d’habitats, perturbent le cycle hydrologique, accroissent l’utilisation de produits chimiques et de pesticides, et peuvent contribuer à l’augmentation de l’acidité du sol. Il est désolant de constater que de nombreuses personnes achètent des crédits de carbone qui seront ensuite investis dans des projets de monoculture semblables.
5. Des projets de puits de carbone forestier exécutés par des pays développés et implantés dans des pays en voie de développement suscitent de nombreuses critiques, car ils constituent une menace pour les collectivités locales qui risquent d’être déplacées, de voir leur accès aux terres ancestrales interdit ou, le cas échéant, d’obtenir une compensation dérisoire.
6. L’absence de réglementation concernant les projets de séquestration ouvre la porte aux entreprises motivées par l’opportunisme et celles-ci peuvent exagérer ou gonfler les bénéfices escomptés du projet.
7. Le reboisement ne se traduit pas directement par une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles. Les végétaux permettent de compenser les émissions de dioxyde de carbone plutôt que de réduire la pollution à sa source. C’est pourquoi certaines organisations ne vendent pas de crédits de carbone séquestré, mais préfèrent mettre l’accent sur des projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique, lesquels visent à appuyer une transition de la situation de dépendance actuelle aux combustibles fossiles.

Ce qu’il faut faire
1. Essayez, dans vos déplacements et dans la vie quotidienne, de réduire vos émissions.
2. Si réduire n’est pas possible, envisagez toutes les meilleures solutions de rechange disponibles.
3. Si ces deux approches ne conviennent pas et que vous désirez réaliser vos voyages et vos affaires avec un bilan «carbone neutre», examinez soigneusement les projets forestiers disponibles avant d’y adhérer.

Si vous décidez d’acheter des crédits de carbone dans les projets forestiers, vous devriez rechercher les points suivants:

> Des plantations permanentes (>100 ans) ou des projets protégés.
> Des espèces indigènes et variées.
> Une plantation d’espèces feuillues et d’une longue durée de vie (ou d’espèces indigènes et adaptées au milieu).
> Des projets disposant de moyens pour gérer les plantations et assurer leur survie à long terme.
> La complémentarité (des projets qui n’auraient jamais été réalisés sans votre contribution).
> Une assurance de projet stipulant que l’entreprise remplacera les arbres endommagés (par exemple par le feu ou en raison d’une sécheresse).
> Une organisation transparente et des coûts de gestion faibles.
> Des avantages environnementaux supplémentaires (tel l’établissement d’habitats).
> Des projets qui offrent une véritable aide aux collectivités locales en matière de développement durable.
> Des projets dont le crédit de carbone que vous achetez est retiré du marché et ne peut pas faire l’objet d’une revente.
> Des projets qui tiennent compte des besoins et des connaissances des populations locales.
> Une certification et une vérification des projets par un tiers parti indépendant.
La solution aux changements climatiques passe par des changements sociaux – et une progression vers des sources énergétiques écologiques dans tous les secteurs. Plus on dépend des puits de carbone pour compenser les gaz à effet de serre à court terme, plus la transition vers des énergies alternatives est retardée et plus les objectifs de réduction des émissions atmosphériques seront difficiles à atteindre. Les puits de carbone devraient soutenir une telle révolution en matière d’énergie alternative et non la remplacer ou la freiner.
Pour terminer, les voyageurs peuvent prendre les choses en main au lieu de compter sur des fournisseurs de crédits de carbone. Par exemple, quand vous prévoyez prendre des vacances, vous pouvez estimer avec une calculatrice Internet la quantité d’émissions que vous aurez à compenser. Ensuite, pour combler cette différence, vous devez, avant et après le voyage, acheter des produits ménagers efficaces sur le plan énergétique et vous abstenir de conduire votre voiture. À l’heure actuelle, les individus et les entreprises ont la possibilité d’agir en vue de réduire l’empreinte carbonique liée aux déplacements.
Note:1: Dans le présent article, les gaz à effet de serre réfèrent à ceux définis dans le Protocole de Kyoto, soit le dioxyde de carbone, le méthane, l’oxyde nitreux, les hydrofluorocarbones, les perfluorocarbones et l’hexafluorure de soufre.
Sources:
- Priskin, J. et R.N. Stenhouse. «Des végétaux pour voyager: les avantages et les inconvénients des contreparties de la fixation du carbone par la séquestration dans les forêts». Téoros, 2007, vol. 26, no 3, p. 68-71.
- Programme de compensation des émissions de dioxyde de carbone d’Air Canada, [http://www.aircanada.com/fr/travelinfo/traveller/zfp.html], dernière consultation 20 novembre 2007.
- Zerofootprint, [http://www.zerofootprint.net], dernière consultation 20 novembre 2007.

Qui est carbone neutre dans le secteur touristique québécois ?

Qui est carbone neutre dans le secteur touristique québécois ?

Julianna Priskin 12 06 2009

Durant leur séjour au Québec, les touristes locaux et étrangers émettent des gaz à effet de serre (GES), peu importe le moyen de transport qu’ils utilisent, la distance qu’ils parcourent ou l’activité qu’ils choisissent. Jusqu’à maintenant, aucune étude n’a permis d’évaluer les contributions de ces voyageurs ou du secteur touristique aux émissions de GES, ni les mesures d’atténuation prises au Québec, ni les comportements s’y rattachant. Les connaissances sont donc insuffisantes en matière de réductions nettes et de compensation des émissions de GES. Le but de cet article est de donner un bref aperçu de la carboneutralité dans le secteur touristique québécois.

Fournisseurs de crédits compensatoires
Sur le plan international, le nombre de fournisseurs continue d’augmenter, tandis que Carbon Catalog répertorie présentement 12 fournisseurs au Canada, dont les prix des crédits varient entre 12,50$ et 39,90$ par tonne de CO2e (1). Au Québec, les quatre principaux fournisseurs de crédits compensatoires sont: Planetair (2), Carbone boréal (3), ZéroGES (4) et ZÉRØCO2 (5).
(1) Planetair est un organisme à but non lucratif, toute comme le Centre international Unisféra qui le dirige(2). Planetair est le distributeur exclusif de Myclimate, qui est l’un des fournisseurs de crédits compensatoires les plus respectés au monde parce que ses projets se conforment au Mécanisme de développement propre (MDP*) du protocole de Kyoto et au «Gold Standard**». Il n’appuie que les projets portant sur l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique dans différents pays en voie de développement. Planetair prévoit offrir des projets canadiens selon les volumes de ventes.
(2) Carbone boréal (CB) est à la fois un programme et un projet de recherche de l’Université du Québec à Chicoutimi. Les crédits de CB servent à financer la plantation d’arbres sur des terrains déboisés du Québec et à soutenir la recherche. Les plantations sont vérifiées et dirigées selon la norme ISO 14064-3, et tout projet sera enregistré dans le Registre GES des ÉcoProjetsMD canadien (3).
(3) ZéroGES (ZeroGHG Inc.) est une société de conseil privée qui fournit des crédits dans le cadre de divers projets sur l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique. Ses services portent sur l’élaboration de stratégies de réduction des GES, la quantification des émissions et la vérification du rendement. Les projets ZéroGES se déroulent dans différents pays, et au moins 80 % d’entre eux doivent se conformer au MDP* et au «Gold Standard**» (4).
(4) ZÉRØCO2 est une entreprise privée qui vend des crédits compensatoires pour financer des projets de reboisement dans différentes communautés. Depuis 2006, ZÉRØCO2 a permis de reboiser plus de 20 hectares de terrains, créant ainsi des espaces verts équivalant en superficie à un peu plus de 40 terrains de football en plein cœur des collectivités (5).

Fournisseurs indirects de crédits compensatoires

Certaines entreprises touristiques se sont associées avec différents fournisseurs de compensations. Par exemple, depuis 2007, Air Canada (AC) incite ses clients à acheter des crédits de carbone par le biais de l’organisme à but non lucratif ZeroFootprint, qui investit dans un projet de reboisement en Colombie-Britannique. Jusqu’à maintenant, les clients d’AC ont acheté pour 187 612$ de crédits, ce qui correspond à 11 725 tonnes de CO2 (6). Pour sa part, Air Transat ne vend pas de crédits; elle invoque différentes raisons, dont le fait que ces projets ne permettent pas de résoudre les problèmes se rattachant aux changements climatiques (7).
En ce qui concerne le transport ferroviaire, VIA Rail n’offre pas non plus de crédits à ses clients; elle les encourage plutôt à calculer la quantité de GES émis durant leur voyage sur le site d’Arbres Canada, un fournisseur de compensations d’Ottawa, en vue de les neutraliser. Depuis 1990, VIA Rail a réduit ses émissions de GES d’environ 15%, bien qu’elle ne soit responsable que de 0,03% des émissions totales. Par comparaison, 13% des GES émis au Canada proviennent des automobilistes (8). Pour les voyageurs qui louent des véhicules, de nombreuses entreprises de location, dont Alamo, Enterprise et National, offrent des crédits intégrés à leur formulaire de réservation en ligne (9).

Les entreprises touristiques qui achètent des crédits compensatoires
Au Québec, les touristes locaux et d’ailleurs achètent probablement des crédits de carbone. Cependant, au moment où cet article a été écrit, aucune des organisations nommées ci-dessus ne possédait de données sur le sujet. Il y a des entreprises touristiques qui achètent des crédits au Québec mais, jusqu’à maintenant, aucune étude n’a permis d’évaluer leur valeur transactionnelle.
Certains établissements hôteliers ont des politiques de carboneutralité. Par exemple, l’Hôtel Chicoutimi atténue sa consommation d’énergie de chauffage et d’électricité et incite sa clientèle à compenser les GES émis pendant son séjour par le biais de Carbone boréal (3). Depuis 2006, l’Hôtel des Seigneurs à Saint-Hyacinthe offre des forfaits «écolos» à ses clients et, en 2008, il s’est engagé à calculer la quantité de GES que ceux-ci émettent durant leurs déplacements, entre autres services écoresponsables (10). De plus, les émissions de GES des réunions et des événements ayant lieu dans cet établissement sont compensées par la plantation d’arbres. Parallèlement, dans un effort de carboneutralité, le Novotel Montréal plante des arbres pour chacune des réservations effectuées en ligne par ses clients (11).
Le voyagiste montréalais, Karavaniers du monde, prend l’atténuation des changements climatiques au sérieux; depuis janvier 2009, ses prix incluent le coût des crédits de carbone achetés auprès de Planetair (2, 12). Environ 97% des clients de cette entreprise sont québécois et, selon son propriétaire, ils ne se plaignent pas de l’augmentation des prix attribuable à l’achat de crédits compensatoires. Au contraire, les clients sont satisfaits des efforts déployés par l’entreprise en ce sens. Omnitour et Voyages Tour Étudiant offrent également des crédits compensatoires à leur clientèle(2). Au Saguenay, WeLa Aventure organise depuis 2006 des randonnées écoresponsables à pied ou à vélo (13). Elle a compensé les émissions de CO2 des déplacements de ses clients en soutenant la plantation d’arbres par ZIP Saguenay (14) et la Coop Quatre Temps (15).
De plus en plus, les festivals et les événements du Québec sont écoresponsables, et certains ont compensé leurs émissions de GES (16). Par exemple, depuis 2008, le Festival International de Jazz de Montréal est carboneutre (17). Les centres des congrès de Québec et de Montréal offrent à leurs clients des événements écoresponsables avec leurs partenaires (18, 19), ainsi que l’option d’acheter des crédits de carbone pour ces événements. Par exemple, en 2004, le Centre des congrès de Québec s’est engagé à réduire sa consommation d’énergie de 33% par m2 et ses émissions de GES totales de 50% (20). Depuis 2007, il a accueilli 32 événements écoresponsables dont 7 comprenaient des crédits compensatoires.
La politique de développement durable du Parc Jean-Drapeau (PJD) de Montréal intègre la réduction de GES et une stratégie de compensation pour les opérations et autres activités (environ 100 événements par an) organisées sur le territoire du parc (21). Le PJD a créé un Fonds Oxygène pour mettre en application cette politique. Les partenaires et fournisseurs seront invités à contribuer à ce fonds, qui financera les projets spécifiques d’amélioration environnementale (22). En plus, les automobilistes devront payer des frais supplémentaire de 1$ pour garer leur véhicule dans les stationnements du parc afin de compenser leurs émissions de GES avec CB.

Conclusion
Il ne fait aucun doute que les projets de compensation ne sont pas une solution définitive au problème des émissions de GES. Toutefois, l’achat de crédits pour des projets fiables permet de sensibiliser les citoyens et de fournir des fonds à des initiatives louables (23). Bien que l’achat de crédits pour la plantation d’arbres soit sujet à controverse dans certains cas, il peut se traduire par des améliorations écologiques nettes, tandis que l’achat de crédits pour des projets portant sur l’énergie renouvelable et le développement technologique permet de réduire la consommation de combustible fossile.
Ce résumé de la situation au Québec montre que la carboneutralité au sein du secteur touristique se compose d’efforts disparates. Cette analyse souligne également le besoin de mesurer les contributions nettes aux GES du secteur touristique afin de coordonner le processus permettant de se doter d’une méthode efficace d’atténuation de ces contributions.
* MDP certifie les réductions des émissions qui sont vendues sur le marché volontaire et il s’assure que les crédits de carbone de pays développés sont conformes aux règlements du protocole de Kyoto.** Le «Gold Standard» est une organisation indépendante qui certifie des crédits de carbone vendus sur le marché volontaire. De tels crédits de carbone doivent répondre à des objectifs de développement durable. Cela signifie qu’un projet de carbone doit mener directement à une réduction des émissions du filet GES. Gold Standard ne certifie pas des projets de sylviculture.
Sources
(1) Carbon Catalog. Find a Carbon Offset Project: Canada. [http://www.carboncatalog.org/projects/canada/] (page consultée le 25 avril 2009).
(2) Planetair. Projets de compensation. [http://planetair.ca/] (page consultée le 2 avril 2009).(3) Éco-Conseil. Plantations compensatoires de GES. [http://dsf.uqac.ca/eco-conseil/ges/frame_ges.html] (page consultée le 15 avril 2009).
(4) ZéroGES. [http://www.zeroghg.com/fr/index.html] (page consultée le 25 avril 2009).
(5) ZÉRØCO2. [http://zeroco2.com/welcome.php] (page consultée le 15 avril 2009).
(6) Air Canada. Programme de compensation des émissions de dioxyde de carbone. [http://www.aircanada.com/fr/travelinfo/traveller/zfp.html] (page consultée le 25 avril 2009).(7) Transat A.T. (2009). Réduction des gaz à effet de serre et gestion du carburant. [http://www.transat.com/fr/responsabilite.sociale/reduction.gaz.aspx] (page consultée le 2 avril 2009).
(8) Via Rail Canada. Environment: Helping To Reduce Greenhouse Gas Emissions. [http://www.viarail.ca/corporate/en_environment/reducing_greenhouse_gas.html] (page consultée le 17 avril 2009).
(9) TerraPass Inc. (2009). «Rental Car Carbon Offset Program Proves Most Popular With Consumers». EarthTimes, 6 avril 2009. [http://www.earthtimes.org/articles/show/rental-car-carbon-offset-program-proves-most-popular-with-consumers,775734.shtm] (page consultée le 25 avril 2009).
(10) L’Hôtel des Seigneurs à Saint-Hyacinthe. [http://www.hoteldesseigneurs.com/decouvrez_environment.asp] (page consultée le 24 avril 2009).
(11) Novotel Montréal Centre. [http://www.novotelmontreal.com/home/novotel_news.shtm] (page consultée le 2 juin 2009).
(12) Karavaniers du monde. Destinations: Informations techniques. [http://www.karavaniers.com/voyages/calendrier/?voyage_depart=134] (page consultée le 3 avril 2009).
(13) WeLa Aventure. Horaire et parcours. Randonnées des cols du Fjord 2009. [http://www.welaaventure.com/] (page consultée le 25 avril 2009).
(14) ZIP Saguenay. Réalisations. [http://www.zipsaguenay.ca/zipsaguenay/index.php?option=com_content&task=category&sectionid=1&id=5&Itemid=12] (page consultée le 27 avril 2009).
(15) Coop Quatre Temps. Mission. [http://www.coop4temps.com/] (page consultée le 27 avril 2009).
(16) Réseau québécois des femmes en environnement. Événement écoresponsable. [http://www.evenementecoresponsable.com/] (page consultée le 2 avril 2009).
(17) Festival International de Jazz de Montréal. Une édition 2008 carboneutre. [http://www.montrealjazzfest.com/Fijm2008/planetAir_fr.aspx] (page consultée le 27 avril 2009).
(18) Centre des congrès de Québec. Développement durable. Événement écoresponsable. [http://www.convention.qc.ca/tiki-index.php?page=devdurable_eve_resp] (page consultée le 27 avril 2009).
(19) Palais des congrès de Montréal. Environnement. [http://www.congresmtl.com/fr/visiteurs/environnement.aspx] (page consultée le 2 avril 2009).
(20) Centre des congrès de Québec. Lauréate du prix Stellaris: Efficacité énergétique. Communiqué de presse du 2 avril 2004. [http://www.convention.qc.ca/tiki-read_article.php?articleId=41] (page consultée le 2 avril 2009).
(21) Société du Parc Jean-Drapeau (2009). Politique de développement durable, Montréal, 8 p.(22) Société du Parc Jean-Drapeau (2009). Fonds Oxygène.Le fonds de compensation de gaz à effet de serre, Montréal, 4 p.
(23) Broderick, J. (2008). Voluntary Carbon Offsets. A Contribution to Sustainable Tourism?, dans S. Gössling, C.M. Hall, et D.B. Weaver (dir.). Sustainable Tourism Futures. Perspectives on Systems, Restructuring and Innovations, Routledge, New York, p.169-197.

Pour ou contre la compensation carbone ? Un excellent article sur terra-economica

Laure Noualhat 03 07 2008
Pour ou contre la compensation carbone ?
Voyager coûte cher en euros et en CO2. Des sociétés proposent de compenser vos tonnes de gaz à effet de serre en échange d’une contribution financière. Arnaque ou miracle ?
Du voyage à bord d’un Boeing 747 à la chaudière au fuel de sa bicoque en passant par les al- lers-retours maison-boulot en voiture, toute activité humaine provoque des émissions de gaz à effet de serre. Il y a celles que l’on peut écarter, et les autres, inévitables, que des sociétés de service proposent désormais de « compenser ». La méthode consiste à s’acquitter d’une obole qui permettra de financer un projet sobre en carbone, en général dans des pays du Sud : installation de fours solaires, production de charbon « vert » – produit sans bois à partir de déchet végétal –, reforestation, énergies renouvelables, méthanisation.
Comme le rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « le principe sous-jacent est qu’une quantité donnée de CO 2 émise dans un endroit peut être compensée par la réduction ou la séquestration d’une quantité équivalente de CO2 en un autre lieu. Ce principe de “ neutralité géographique ” est au cœur des mécanismes mis en place par le protocole de Kyoto. »Par exemple, pour un vol Paris-New York, un passager va émettre plus d’une tonne de CO2 dans l’atmosphère. Il peut dès lors décider de s’adresser à une société de compensation telle que Action Carbone, GoodPlanet, Climat Mundi ou CO2 solidaire. Et décider librement de financer un projet à la hauteur de ses propres rejets. En vogue aujourd’hui – les particuliers restent cependant à la traîne, les entreprises pèsent plus de 90 % du total des dons –, la compensation volontaire suscite des salves de questions.
N’est-elle qu’un moyen de s’acheter une bonne conscience ? Constitue-t-elle, au contraire, le premier pas vers la prise de conscience de l’impact environnemental de chacun de ses actes ? Comment vérifier la destination des fonds ? Peut-on craindre la vente de puits de carbone bidons ?
Echange oxygénant entre le cofondateur de Climat Mundi, Eric Parent, et le consultant en énergie Alain Grandjean.
Alain Grandjean, consultant en énergie. Coauteur du livre Le plein s’il vous plait ! consacré à la fin du pétrole, il milite pour la mise en place de la taxe carbone, seul outil pouvant, à ses yeux, forcer les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Eric Parent, cofondateur de Climat Mundi, société de conseil spécialisée dans la compensation volontaire.

La compensation permet-elle l’absorption, voire l’annulation de la pollution que l’on a réellement produite ?
Eric Parent : Objectivement non, puisqu’une fois que le gaz à effet de serre a été rejeté dans l’atmosphère, on ne peut plus l’annuler.
Alain Grandjean : Cela dépend des cas. Après un voyage en avion, un passager peut décider de compenser ses émissions en plantant des arbres. L’ab-sorption de dioxyde de carbone s’effectue alors sur la durée de vie de l’arbre, c’est-à-dire trente ans si celui-ci est planté dans une forêt gérée durablement. Dans ce cas, la pseudo-compensation ne survient pas au même moment que les émissions et elle n’est pas garantie. En revanche, dans le cas d’une opération de méthanisation de décharge [1], la compensation peut éventuellement avoir lieu tout de suite.
Existe-t-il de bonnes et de mauvaises méthodes de compensation ?
Eric Parent : Les mauvaises méthodes sont celles dont la réduction des gaz à effet de serre est très lente. Dans ces cas-là, on s’attribue des réductions qui vont s’étaler sur des délais de trente ans, comme je l’expliquais précédemment pour la reforestation. Quoi qu’il en soit, la compensation ne règle pas le problème à la source. Ni chez nous, ni ailleurs.
Alain Grandjean : En effet, il faut être absolument certain de réduire très rapidement les émissions de gaz effet de serre et ne pas seulement financer un « machin » qui plaira à l’opinion, comme des projets d’énergies renouvelables dans le Sud par exemple.
La compensation peut-elle alors régler la question de la réduction des gaz à effet de serre ?
Eric Parent : Compenser contribue à améliorer la situation. Le jour où des entreprises comme SFR ou Bouygues ont vendu leur premier téléphone portable, leur chiffre d’affaires ne représentait qu’une infime part de la téléphonie mobile. Les petits ruisseaux alimentent les grandes rivières. La compensation est un marché naissant, en plein essor, et il est tout à fait normal qu’elle ne concerne encore que de faibles parts.
Alain Grandjean : La compensation ne concerne que quelques dixièmes de pourcentage des émissions de gaz à effet de serre. Cette opération est loin d’être à la hauteur du problème. Disons les choses clairement : la compensation ne règle en rien notre dépendance à l’énergie fossile. Et il s’agit tout de même du véritable enjeu. Dans un monde où le prix du baril de brut croît fortement (lire aussi pages 50-52), l’opération de compensation ne rend guère de service. Or nous sommes entrés dans l’ère de la contrainte et le monde de l’entreprise n’a pas d’autre solution que de réduire sa dépendance au pétrole. Conseiller aux boîtes une simple compensation ne les encouragera pas à anticiper la fin du pétrole, à s’organiser afin de réduire leur consommation d’énergie.
Les programmes de compensation fleurissent pourtant du côté de l’entreprise. Est-ce un moyen de verdir ses activités à bon compte ?
Eric Parent : Quelques sociétés se lancent dans la compensation sans que celle-ci ne leur soit imposée. Je veux donc croire que ce mécanisme leur permettra à l’avenir de mieux accepter un objet plus contraignant, comme la taxe carbone [2] par exemple.
Alain Grandjean : Disons que les entreprises qui communiquent sur leurs opérations de compensation avec l’unique objectif de verdir leur image mettent leur réputation en jeu. Car les programmes ne sont pas tous ni sûrs, ni contrôlés. En matière d’efficacité, la clé, c’est d’abord et avant tout la réduction des gaz à effet de serre dans le Nord. Un point, c’est tout.
La compensation peut-elle être efficace si elle n’est pas contraignante ?
Eric Parent : La dimension volontaire limite l’étendue du système, comme dans le cas de la consommation biologique ou équitable. En revanche, il prépare les esprits à des mesures plus fortes et plus réglementées.
Alain Grandjean : Sans contrainte, aucune mesure ne peut avoir d’effet en termes collectifs. La compensation volontaire est hors sujet dans les négociations internationales. Elle n’existe pas et son impact est de l’ordre de l’épaisseur du trait. La vraie contrainte, c’est la taxe carbone. Mais dans un monde compétitif, personne n’osera imposer une chose pareille. Notre gouvernement a été élu sur la perspective de prélèvements obligatoires constants. Soit on impose une taxe carbone et on discute de l’usage de cette taxe, soit ce sont des coups d’épée dans l’eau.
Eric Parent : Disons que la compensation est une forme de taxe carbone volontaire. Ceux qui promeuvent la taxe carbone sont contre la compensa- tion, alors que celle-ci ne constitue qu’un début. Il est exact que la taxe carbone s’avèrerait plus efficace, encore faudrait-il qu’elle existe.
Concernant la compensation volontaire, certains spécialistes, comme Jean-Marc Jancovici, parlent d’une « indulgence des temps modernes », d’autres d’une nécessité. Où se situe la vérité ?
Eric Parent
: L’« indulgence » induit une notion de moralité alors que la compensation traite de phénomènes physiques et financiers. Il n’y a rien de moral là-dedans. L’autoresponsabilisation n’a rien à voir avec un pseudo-péché de pollution. Nous sommes nés dans une société dépendante à 100 % du pétrole, nous y sommes tous accros, et quoi que nous disions, il est impossible de s’en extraire du jour au lendemain. Ceux qui comparent la compensation à une « indulgence » veulent surtout éviter de se poser la question pour ne pas avoir à payer.
Alain Grandjean : Je ne sais pas où est la vérité. Peut-être la compensation est-elle un moyen de se convaincre individuellement que payer vaut mieux que ne rien faire.
La compensation permet de financer des projets dans les pays du Sud. Une façon pour les pays riches de s’acheter une bonne conscience ?
Eric Parent
: Mais il faut savoir qu’on peut aussi compenser dans les pays du Nord. Cela dit, la réglementation y est plus contraignante.
Alain Grandjean : Le problème est surtout lié au contrôle. Si on développe un projet d’énergies renouvelables au Sud, comment obtenir la preuve irréfutable que l’énergie supplémentaire ainsi produite permettra d’éviter une production d’énergie à partir d’énergies fossiles ? C’est impossible. Au contraire, l’énergie renouvelable sera très probablement générée en supplément d’énergie fossile. Or pour être validé, un projet de compensation doit être « additionnel » : il doit prouver qu’il n’aurait pu être mis en œuvre hors du contexte inhérent à la lutte contre les changements climatiques.
Comment alors contrôler l’additionnalité de ces projets ?
Eric Parent
: Je pense qu’il faut soumettre le projet à la grille d’analyse assez complète des Nations unies. On vérifie les critères les plus pertinents : le projet est-il indispensable ? A-t-il une rentabilité suffisante ? Il existe aujourd’hui un certain nombre de tests, mais il ne s’agit pas d’une science exacte et il subsiste encore une grande part de subjectivité.
Alain Grandjean : C’est bien là le problème. Dans les systèmes de compensation personnelle, il n’existe guère de contrôle, ni de label, ni aucune certitude que ce que vous financez pourra vraiment voir le jour. C’est un peu comme une coopérative de commerce équitable dont on ne sait si elle paie vraiment équitablement ses producteurs… Dans tous les cas, les contrôles induisent des coûts. Plus ces contrôles se développeront, plus les clients exigeront des garanties d’additionnalité et de sérieux. Et pour cela, il faudra sortir le carnet de chèques.
Remise en ordre du secteur

En novembre 2006, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a recensé 31 « compensateurs », présents dans une dizaine de pays dont une moitié basée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Structures à but non lucratif ou agences-conseils pour un tiers d’entre elles, ces organisations sont très récentes : la majorité existe depuis moins de deux ans. Pour mettre un peu d’ordre dans tous ces programmes de compensation, l’Ademe a travaillé en 2007 à l’élaboration d’une charte des bonnes pratiques. Ses signataires s’engagent à vérifier la qualité de leurs projets, leur efficacité et leur additionnalité. http://www.compensationco2.fr/
[1] la méthanisation permet de traiter des eaux usées, les boues de stations d’épuration, les déjections animales, les déchets de l’agroalimentaire ou les ordures ménagères tout en produisant de l’énergie sous forme de méthane.
[2] La taxe carbone concernerait tous les combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel...) avec un taux variable, dépendant des émissions en dioxyde de carbone du combustible considéré.

La compensation carbone - Une bonne introduction sur le sujet

http://www.eco-sapiens.com/dossier-134-La-compensation-carbone.html

La compensation carbone

sur le site www.eco-sapiens.com 08 09 2008 - je vous recommande la lecture sur leur site, plus confortable.

Prolongeant le principe des droits à polluer, la compensation carbone peut être perçue soit comme un pis aller, soit comme une plus value. Eclaircissements nécessaires pour ne pas se voiler la conscience. Et palmarès des structures de compensation si vous passez à l'acte.
Compenser ses émissions est une idée controversée. En France, le marché commence à être juteux et il est difficile de distinguer un « bon » projet de compensation d'un « mauvais ». Le rôle de l'ADEME et des acteurs historiques va dans un durcissement des critères.
Cependant, même en imaginant des acteurs irréprochables, le principe même de la compensation carbone ne fait pas l'unanimité. N'est-ce pas un moyen de se donner bonne conscience ? Cela n'empêche-t-il pas un changement plus radical de nos comportements ? Les grands pollueurs ne vont-ils pas en profiter pour faire du greenwashing ?
Du côté des organismes de compensation, on se défend en disant que la compensation permet de récolter des fonds pour mener à bien des projets qui sinon ne verraient pas le jour.Et si la compensation carbone1 n'était alors qu'un grand quiproquo ?
Pourquoi compenser
Un marché récent et déjà controversé
Critères pour définir une bonne compensation
Arguments contre la compensation carbone
Conclusion
Classement des structures de compensation

Pourquoi compenser

Votre futur voyage en avion fera exploser votre quota d'émission de gaz à effet de serre. Et vous souhaitez réparer ou compenser cet impact sur le climat. Justement, vous avez entendu parler d'un organisme qui propose de calculer votre contribution à l'effet de serre. Un convertisseur carbone/euro vous indique la somme à débourser pour « compenser » votre voyage. Cet argent ira par exemple à un projet de reforestation au Bhoutan, à la construction d'un four solaire au Kenya, etc.
On sait que l'avion brûle du kérosène pour se propulser et rejette du CO2, l'un des plus importants gaz à effet de serre. Un déplacement en avion se fait souvent sur de longues distances, c'est pourquoi l'on considère souvent ce mode de déplacement comme le plus polluant en terme de changement climatique.
Un kilomètre en avion ramené par passager représente environ 150g de CO2. Multipliez ce chiffre par votre distance de parcours et vous comprendrez pourquoi vous pourrez avoir mauvaise conscience. Par comparaison, on estime qu'il ne faudrait pas « émettre » plus de 1800kg de CO2 par an et par personne (nourriture, chauffage, déplacements, déchets et consommations compris).
En général, un seul trajet en avion vous « plombe » votre quota pour plusieurs années.
Un marché récent et déjà controversé

Future Forests ne plantait pas d'arbres
Le premier projet de compensation a été organisé en 1989 aux Etats-Unis. Une centrale au charbon devait être construite par la société Applied Energy Services. Elle fut approuvée à condition que 50 millions d'arbres soient plantés au Guatemala.
25 ans après, cette initiative est un désastre : le recours à la monoculture d'arbres par ailleurs non spécifiques de la région perturba l'éco-système et chassa la population qui y vivait.
En 1996, lors d'un festival de musique à Glastonbury naît l'idée de créer « Future Forests » (aujourd'hui Carbon Neutral Company). Tourné vers le milieu du spectacle, l'organisme trouva son premier client avec les Rolling Stones. 2 800 arbres plantés pour compenser la tournée 2003. Soit un arbre pour 57 fans.
Beaucoup de célébrités adhèrent. En 2004, Brad Pitt débourse 10 000 dollars pour l'entretien d'une forêt au Bhoutan afin de compenser son fastueux mode de vie hollywoodien. Il y a aussi des entreprises qui se lancent : British Petroleum, Mazda, Audi, Warner Bros.Dès 2004 les ONG environnementales réagissent et dénoncent la confusion entre « green action » et « greenwashing ». Jamais content ces écolos...
Cette critique fut d'autant plus facile puisque l'on découvrit rapidement qu'en réalité, Future Forests ne plantait pas vraiment des arbres mais rachetait des arbres déjà plantés... En d'autres termes, elle rentrait dans le (déjà contesté) marché des droits à polluer.
Il faut changer de nom ! En 2005, ce sera la Carbon Neutral Company avec un nouveau concept : désormais, la compensation se fera par des projets basés sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

A l'origine, la compensation carbone a été initiée dans le cadre du Protocole de Kyoto, par l'introduction d'assouplissements aux objectifs de réduction des états engagés dans ce protocole, qui sont tous des pays développés.Le terme s'applique maintenant à toute action visant à réduire d'autres émissions que les siennes !
Voici la définition de la compensation carbone par l'ADEME
Concrètement, la compensation consiste à mesurer les émissions de gaz à effet de serre générées par une activité (transport, chauffage, etc.) puis, après avoir cherché à réduire ces émissions, à financer un projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou de séquestration du carbone : énergie renouvelable, efficacité énergétique ou de reboisement, qui permettra de réduire, dans un autre lieu, un même volume de gaz à effet de serre.
Le principe sous-jacent étant qu'une quantité donnée de CO2 émise dans un endroit peut être « compensée » par la réduction ou la séquestration d'une quantité équivalente de CO2 en un autre lieu. Ce principe de « neutralité géographique » est au coeur des mécanismes mis en place par le Protocole de Kyoto.
Il est important de souligner que la compensation volontaire doit s'inscrire dans une logique de neutralité carbone : elle doit toujours accompagner ou suivre la mise en œuvre de solutions énergétiques alternatives ou d'efforts de réduction des émissions.
Critères pour définir une «bonne compensation»
La communauté internationale tout comme l'ADEME au niveau national ont défini des critères pour garantir la qualité d'un projet de compensation :

Additionnalité

Un projet est additionnel s'il n'a pu se réaliser que grâce au financement apporté par la vente des réductions d'émission qu'il génère. Ainsi, quand vous achetez des réductions de CO2 provenant d'un projet additionnel, vous permettez véritablement au projet de se réaliser. Par exemple, si la vente d'électricité au réseau d'une ferme éolienne suffit à rentabiliser celle-ci, la ferme n'est pas considérée comme additionnelle et les réductions d'émissions qu'elle génère ne peuvent pas être prises en compte pour compenser vos émissions de CO2.
L'additionalité peut être assurée de différentes manières, par exemple en montrant que le projet n'aurait pas été rentable ou pas suffisamment rentable en l'absence de la vente des réductions de CO2, ou que la technologie nécessaire n'existe pas encore dans le pays dans lequel le projet est réalisé.

Permanence

Les réductions d'émissions apportées par le projet doivent être permanentes. Par exemple, les réductions d'émission générées par la production d'énergie renouvelables sont permanentes, puisqu'elles ont évité des émissions qui auraient été produites par des centrales au charbon en leur absence et qui se seraient retrouvé ensuite pendant 100 ans dans l'atmosphère.
Inversement, dans le cas d'une plantation de forêt, le CO2 absorbé pendant la croissance des arbres peut être relâché dans l'atmosphère si la forêt brûle : les réductions correspondantes ne sont pas forcément permanentes.
Il faut pouvoir garantir que la forêt ne va pas être détruite avant un bon moment... Combien de temps, quelles garanties, quelles conséquences liées à cette obligation pour les populations locales ?

Réductions quantifiables

Le calcul de la quantité de réductions apportées par un projet se fait en deux temps. D'abord, on établit une situation de référence, qui correspond à la quantité d'émissions qui auraient été émises en l'absence du projet. Par exemple, si le projet consiste en une ferme éolienne qui produira de l'électricité remplaçant celle d'une centrale thermique au charbon, la situation de référence correspond aux émissions de CO2 qui auraient été émises par la centrale thermique en l'absence des éoliennes.
Ensuite, on mesure tous les ans la quantité d'électricité qui est effectivement produite par les éoliennes, et qui peut varier d'une année sur l'autre en fonction de la quantité de vent. Les réductions d'émissions produites par le projet correspondent à la quantité d'électricité qui a effectivement été produite cette année là. Pour des projets dont les sources d'économies de CO2 sont diffuses (par exemple la distribution à grande échelle d'ampoules basses consommation) et où on ne peut pas mesurer la durée d'utilisation de chaque ampoule, on utilise des valeurs moyennes forfaitaires.
Comment calculer la quantité de CO2 non émis du fait que la forêt n'ait pas été coupée ? Car un arbre, lorsqu'il est coupé émet du CO2 alors que quand il se décompose, il émet du méthane, ce qui est pire. Et puis si l'on coupe et que l'on utilise le bois en charpente...

Absence de fuites

On parle de fuites quand un projet génère, en dehors de son périmètre, la production d'émissions supplémentaires de CO2. Par exemple, si un propriétaire à qui on a racheté des terres agricoles pour planter une forêt déménage pour aller défricher une zone forestière, la déforestation correspondante est une fuite.
Autre fuite évidente : les trajets en avion nécessaires à la réalisation du projet lui-même. Va-t-on compenser les compensateurs...

Arguments contre la compensation carbone

Les arguments « contre » peuvent se résumer par cette phrase d'Alain Grandjean à propos de la compensation carbone : « la compensation ne règle en rien notre dépendance à l'énergie fossile. Et il s'agit tout de même du véritable enjeu »2.
En termes techniques, la compensation ne remplace pas la mitigation. Ce mot bien français exprime la réduction de nos propres émissions. Autrement dit, il faut réduire nos propres émissions au lieu de continuer à polluer sans rien changer chez nous sous prétexte que nous contribuons à aider les autres à le faire.

Objection scientifique à la compensation carbone

Instinctivement, nous associons le fait de planter un arbre à un acte écologique. Malheureusement ce n'est pas aussi simple.
Nous avons évoqué le problème de la monoculture (eucalyptus notamment) qui appauvrit la biodiversité. Evidemment, on ne plante pas n'importe quoi n'importe où. C'est évident et les structures de reboisement n'oublient plus de le préciser...
Mais surtout, le cycle du carbone est fort complexe. Il existe en fait deux cycles : celui de la vie (cycle actif) et celui qui est enfoui, fossile (cycle passif). Le pétrole et le charbon ont été piégés et leur libération toute récente dans l'atmosphère (un siècle face à des millions d'années) est irréversible. Cela ne reviendra pas dans le stock inerte, sauf à attendre d'autres millions d'années...
Un arbre va certes fixer du CO2 mais il finira tôt ou tard par brûler ou se décomposer, en tout cas restituer ce carbone « actif ». Bref, on ne peut pas compenser du carbone fossile par du carbone vivant pour la simple raison que ces deux cycles sont distincts.
Le scandale de Future Forests (cf encadré) a orienté les structures de compensation vers des projets "efficacité énergétique" et "énergies renouvelables". Mais comment mesurer ?

Le saviez-vous ?
50% de CO2 en moins
Si tous les Français adoptaient de bons réflexes, nous consommerions 50% de CO2 en moins.
Enfin, on oublie toujours que le véritable poumon de la planète, ce n'est pas la forêt mais l'océan (grâce au phytoplancton). Les dégazages (puisque chaque jour ceux-ci équivalent à une marée noire) sont bel et bien liés à notre dépendance au pétrole. On passera aussi sur le rôle de l'or noir dans les conflits armés et les affaires sombres vis-à-vis des anciennes colonies.
Tous ces dégâts ne sont pas compensables. Peut-on compenser une dictature africaine ou une guerre en Irak par des eucalyptus ?

La non-remise en question des comportements

On a également comparé la compensation volontaire aux « indulgences » du Moyen-Âge qui permettaient aux pécheurs de réduire le temps de purgatoire et accéder ainsi plus vite au paradis. Aujourd'hui, on considère toujours que le ciel s'achète...
La compensation incite-t-elle à changer nos comportements ? A vrai dire nous serions bien en peine de le savoir. Si les opposants prétendent que cela empêche de penser les réductions, les partisans arguent qu'au contraire, cela favorise une prise de conscience.
Mais face à la montée du greenwashing, il est probable que les entreprises polluantes croient réellement qu'elles sauvent la planète en « protégeant le climat ». Voici par exemple ce que déclare le directeur développement durable de la banque BNP-Paribas :
« Il ne faut pas rêver à des révolutions. Mais la création du marché européen des quotas d'émission de CO2 reste, pour moi, un big bang. Bien sûr, il faudra qu'il se rapproche de ses homologues nord-américains pour créer un marché mondial. L'avenir est là, nous avons donc fait le choix d'être un intervenant majeur sur ce marché ».3

Une conception de l'environnement bien de chez nous

L'avantage de « donner un prix à la nature » permet certes de sensibiliser (voir le rapport Stern qui estime le coût du changement climatique) les décideurs politiques et industriels mais cette obsession de quantifier, surtout par l'argent, est révélateur. Révélateur d'une conception de l'environnement comme un stock uniquement destiné à produire de l'économie.
En réalité, ce qui nous interpelle le plus dans les différents projets habilités à compenser notre CO2, c'est qu'ils sont tous dans les pays du Sud. Ce qui est un comble puisque ces pays figurent parmi les moins polluants.
Certes la compensation carbone s'inscrit dans le cadre du protocole de Kyoto qui n'inclut pas les pays du Nord dans ce système. Mais de même que l'évangélisation prétendait civiliser les pays conquis, le prétexte écologique ne prétend-il pas développer les pays conquis ?
En réalité, ce qui titille d'emblée, c'est l'idée qu'il faille faire quelque chose de condamnable pour devenir philanthropique.
Que l'on pollue certes.
Que l'on fasse oeuvre de charité pourquoi pas? Mais pourquoi nouer un lien entre les deux ?

Conclusion

Les arguments en faveur de la compensation peuvent en fait se résumer en une phrase : tout projet positif pour l'environnement et les hommes mérite de recevoir une aide financière.
Par exemple, il est positif de donner de l'argent pour permettre aux indiens d'amazonie de récupérer leurs terres ancestrales, préserver la biodiversité de ces forêts et perdurer en tant que groupe ethnique.
Il faut toujours se satisfaire que des fonds aillent à des structures engagées pour la planète, la suffisance alimentaire, la réduction des inégalités. Le label 1% pour la planète (chez certains de nos partenaires et de nos boutiques) va également dans ce sens.
Mais pourquoi faut-il jouer sur la culpabilité pour obtenir ces fonds ?
Nous vous encourageons bien entendu à réduire vos émissions d'abord, à vous impliquer localement dans le même sens et enfin à aider financièrement les structures reconnues que vous appréciez.

Classement des structures de compensation carbone

Il nous a semblé pertinent de proposer un classement des structures de compensation. Il faut bien sûr garder à l'esprit que ce palmarès est donné à titre indicatif. Globalement nous avons récompensé les discours les plus complets et cohérents.
CO2 solidaire obtient la meilleure note car il dépend du GERES, une association reconnue depuis longtemps dans les projets de développement et de l'écologie. C'est ainsi la seule structure à réaliser ses propres projets de compensation. La transparence est donc renforcée.
CO2solidaire (GERES)
Le Geres est une association de solidarités sérieuse qui a toujours eu une conception globale du développement et de l'environnement.C'est également la seule structure à mener les projets que vous financez. Inutile de polluer pour les soutenir !
Climat Mundi
10 € le kilo... mais il y des chèques cadeau. Le discours est très cohérent. L'entreprise insiste bien qu'il faut d'abord réduire. le choix de ne pas avoir recours à la plantation d'arbres est bien expliqué. On regrettera que les projets soient surtout des participations à des programmes Nations Unies.

Action Carbone
L'association parrainée par Yann Athus Bertrand. 20 euros la tonne de CO2.Des projets sympathiques de compensation (rachat des parcelles des Indiens Kogis, projet de solidarité avec le GERES).
The CarbonNeutral Company
L'ancienne Future Forests. Donc vous savez dans quoi vous mettez les pieds (voir plus haut encadré Future Forests).
Planète Urgence
Propose des compensations par reboisement. Ne fait pas partie de la liste ADEME.
ClimatePartner
Le discours est très simpliste.
Treedoo
Cette structure est toute jeune. Cherche donc encore du soutien pour réaliser des plantations de Jatropha en Afrique
EcoAct
Carbon Capital Markets
Carbon-Clear
Climactis
Pour l'instant peu de projets et on est étonné de voir précisé que les bureaux sont situés près de l'aéroport.
Voltalia
co2balance
CLIMACT
biocarb Canada coop

Position du RAC-F sur la compensation carbone

Le RAC-F invite les personnes qui se questionnent sur la pertinence d'une compensation à :
éviter ces émissions ou en tout cas les diminuer, par exemple en voyageant moins loin et/ou en utilisant un mode de transport moins émetteur de gaz à effet de serre, comme le train plutôt que l'avion ou la voiture.
La compensation n'est pas une alternative à la réduction directe des émissions de chacun. Une gestion responsable du budget carbone de l'individu, de la famille, de la collectivité, de l'entreprise est donc un préalable à toute discussion sur la légitimité d'une compensation extérieure.
Bien choisir les projets de compensation. En effet, beaucoup de projets méritent d'être critiqués quant à la réalité des réductions d'émissions annoncées, ou à leur impact social et écologique local. Ces offres peuvent avoir un intérêt limité, voire même aucun impact sur les bilans au final.
De même, des labels proposés par différents organismes de certification pour juger de ces prestations sont de qualité très inégale. Quant à la nature des projets, ceux qui sont certifiés Gold Standard sont ceux qui offrent le plus de garanties sur ces points.
Mais les associations membres du RAC-F estiment aussi qu'il est possible de faire autre chose avec ses ressources (financières et autres). En particulier, en s'investissant dans une action concrète ou militante en faveur de la lutte contre le changement climatique, ou encore en menant une activité permettant de réduire les émissions, on est bien plus cohérent.
En effet, la notion de "compensation des émissions" peut s'entendre d'une manière plus large, et potentiellement plus efficace que celle mise en avant par les prestataires de compensation.

1 Pour des raisons de commodité, le terme carbone désignera ici la molécule de dioxyde de carbone CO2, gaz d'origine anthropique prépondérant dans le dérèglement climatique.
2Terra economica, « Pour ou contre la compensation » sur www.terra-economica.info/Pour-ou-contre-la-compensation,3910.html
3Terra economica, « Pour ou contre la compensation » sur www.terra-economica.info/BNP-Paribas-decline-l-utopie,3780.html