Pourquoi ce blog ?

Nous refusons de croire ce que nous savons…

La compensation carbone des voyages pose les questions de la durabilité des modèles du tourisme d’aujourd’hui :

> Peut-on réduire la quadrature du cercle, celle d'un nombre croissant de voyageurs en avion, d'un stock fini de pétrole, et d'une technologie encore inexistante, même embryonnaire, pour faire voler des avions avec autre chose que du kérosène ?
> La compensation pratiquée à ce jour induit-elle une nouvelle forme de colonialisme ?
> Quelle spéculation lègue t-elle aux générations futures ?

De vraies questions qui appellent de vraies solutions. Le tourisme, et pas seulement le transport aérien, devront subir, ou organiser leurs mutations.

Ces questions sont à peine abordées, en général, dans les articles consacrés au sujet.
Vous en trouverez sur ce blog une sélection, pour vous faire votre propre idée.

Voyageur, si ces propos te dépriment, tu peux te balader sur mes diaporamas ci-dessous...

dimanche 3 janvier 2010

Pour les ONG, forêt et marché carbone ne font pas bon ménage

http://www.terra-economica.info/Pour-les-ONG-foret-et-marche,7880.html

Pour les ONG, forêt et marché carbone ne font pas bon ménage
Julien Kostrèche 14 12 2009

Faut-il rémunérer les pays pauvres qui freinent la déforestation, et comment s'y prendre ? Le marché carbone qui se dessine entre les pays du Sud et du Nord est l'un des sujets chauds des négociations de Copenhague. Explications.

« Marché carbone », il n’est question que de ça, ou presque, dans les couloirs du Bella Center, au 8e jour de la conférence de Copenhague. L’extension de ce marché - actuellement limité aux industries des pays signataires du protocole de Kyoto - semble inéluctable. Elle est même souvent présentée comme la panacée pour résoudre l’équation climatique. Mais s’il est une évolution dont nombre d’ONG ne veulent pas entendre parler, c’est l’intégration à ce marché de la forêt en tant que simple stock de carbone. Elles craignent que la forêt ne devienne un coffre-fort à CO2. Et, qui plus est, un coffre-fort verrouillé par les pays riches du Nord... Alors que les principales ressources forestières se situent au Sud.
"Nous sommes contre le système de compensation carbone appliqué aux forêts, résume Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes des Amis de la Terre. C’est bien simple : si on met en place ce marché, on flingue les objectifs de réduction interne des Etats-unis qui se contenteront d’acheter des crédits carbone au pays qui disposent de réserves naturelles. » « Si l’Europe annonce 30% de réduction des émissions pour 2020, il faudra bien s’assurer que ce n’est pas 15% de réduction chez nous, et 15% ailleurs, c’est-à-dire sur les sites industriels du Sud des multinationales, ajoute Geoffroy Deschutter, directeur des programmes de WWF Belgique. Les réductions doivent concerner les marchés domestiques des pays riches. »

Subventions... à la déforestation

Aujourd’hui, par le biais de Mécanismes de développement propre (MDP, lire encadré ci-dessous), les mêmes qui ont contribué hier à la déforestation massive, comme le géant du papier April en Indonésie, peuvent toucher des subventions de l’ONU en menant des programmes de reboisement. Et ils pourraient demain se voir verser des crédits carbone susceptibles d’être revendus aux pays industrialisés, alors même qu’ils ont une lourde responsabilité dans le niveau actuel des émissions de CO2. Un scénario dont Mathieu Doray, membre du groupe de travail d’Attac sur les marchés carbone, ne veut pas entendre parler. « Nous dénonçons les généralisation des MDP car ils permettent à des multinationales des pays du Nord d’obtenir des crédits carbone en se contentant de réduire les émissions de leurs usines installés dans les pays du Sud où les contrôles sont moins stricts que chez nous et que la fraude monnaie courante. »
Ces MDP ont beau avoir été imaginés comme des tickets gagnant-gagnant entre les pays du Nord et du Sud, malgré les règles établies, il est difficile d’éviter que des grandes entreprises présentent des projets qu’elles auraient réalisés de toute façon sans l’aide de ce mécanisme. Et quel en est le bénéfice réel pour les pays hôtes ? Pas évident, d’autant que beaucoup de ces pays sont touchés par la corruption. Pour l’instant, sur l’ensemble des projets MDP, rares sont ceux qui concernent la fôrêt et il s’agit essentiellement de programmes de plantation ou reboisement. Pour Greenpeace, « empêcher la déforestation des forêt naturelles est plus important que de reboiser, explique Jérôme Frignet, responsable de la campagne forêts pour la branche française de l’ONG. Nous ne voulons pas d’un mécanisme qui se contente de compter les arbres. Un hectare de plantation n’équivaut pas pas à un hectare de forêt primaire ». La plupart des associations réclament aujourd’hui que la lutte contre la déforestation brute devienne la priorité du futur dispositif REDD (Reducing emissions from deforestation and degradation) actuellement en discussion à Copenhague.
Le problème, c’est qu’en attendant un nouveau texte, qui ne pourrait de toute façon pas entrer en vigueur avant début 2013, il semble qu’on n’ait rien trouvé de mieux que les MDP... Le WWF a instauré un label « gold standard » pour les renforcer, flécher précisément l’argent des crédits carbone vendus et vérifier que le financement contribue bien à réduire les émissions de CO2. « En même temps nous sommes conscients que peu de projets répondent à l’exigence de ces labels, explique Geoffroy Deschutter. Au niveau de WWF Belgique, nous soutenons des programmes au Congo, dans la région de Goma du Nord Kivu, qui aident les gens à planter des arbres pour leur fournir du bois de chauffage. Le marché carbone peut permettre de financer ce type de projet. Il ne faut pas oublier de voir l’intérêt pour les populations. »
Peuple des forêts oublié

L’intérêt des populations, justement, c’est bien ce qui préoccupe Global Witness, The Wilderness Society, Rainforest Action network et Bianca Jagger [1] qui tenaient une conférence de presse commune ce matin, « car il n’y aura pas de protection de la forêt sans une garantie du respect des droits des populations qui l’habitent », est venue rappeler Bianca Jagger à Copenhague. « Si les forêts sont mises sous cloche, quid de la biodiversité et des peuples indigènes qui y vivent ? Quel sera leur place dans ce marché carbone, qu’ont-ils à y gagner ? », s’interroge Sébastien Godinot des Amis de la Terre qui réclame la mise en place de fonds à la gestion desquels seraient associés les populations locales. Au delà des intentions, il faudra débloquer des fonds. Les simples coûts de démarrage pour les infrastructures des pays éligibles au mécanisme REDD sont estimés à 15 ou 25 millions d’euros d’ici 2015. Or pour l’heure, seuls 4 millions d’euros ont été alloués.
Et la France dans tout ça ? « Nicolas Sarkozy s’est déplacé à Manaus, il reçoit aujourd’hui le président indonésien et mercredi les chefs d’Etat africains. C’est bien beau mais ça ne sert à rien si aucun objectif chiffré n’est annoncé, s’agace Jérôme Frignet de Greenpeace. Surtout si l’Union européenne veut réduire de 50% la déforestation d’ici 2020 comme elle s’y est engagée. » En attendant, l’abandon des MDP ne semble pas à l’ordre du jour. La France, qui défend l’idée d’un minimum d’aide garanti pour les pays les plus pauvres, veut aussi un recours plus systématique à ces mécanismes de compensation. Jean-Louis Borloo faisait remarquer le 2 décembre dernier, lors du débat qui s’est tenu à l’Assemblée nationale sur le changement climatique que « les pays les plus vulnérables n’ont pas bénéficié des avancées de Kyoto, car les grands financements liés au marché du carbone et aux mécanismes du développement propre n’ont pas été affectés à ces pays. Ils ont été destinés aux grands pays émergents industrialisés. »

Plusieurs milliards d’euros sont en jeu

En effet, à ce jour la Chine, l’Inde et le Brésil sont les principaux pays à accueillir les quelques 8 000 projets du MDP [2]. L’Afrique n’en bénéficie quasiement pas. L’Agence française du développement, par la voix de son directeur Jean-Michel Severino, s’est déclarée favorable au recours plus systématique aux MDP, en particulier pour le continent africain, et souhaite ouvrir un second chantier, celui de « la mesure et la rétribution de la « déforestation évitée » et du stockage de carbone par les sols africains. » « Cela représente un enjeu plusieurs milliards d’euros, qui pourrait constituer l’un des relais de croissance économique pour l’Afrique dans une ère post-pétrole », ajoute-t-il. Un enjeu qui n’a pas échappé aux chefs d’Etats africains qui ont fait le déplacement à Copenhague.
Pour maintenir la pression sur les négociateurs, les ONG rappellent des chiffres que personne ne conteste : la déforestation continue de progresser dans l’hémisphère sud ; le continent africain a vu son massif forestier fondre de 10% entre 1990 et 2005 – une réduction qui représente à elle seule plus de la moitié du recul de la forêt enregistrée dans le monde.

Les Mécanismes de développement propre (MDP) :
Le Protocole de Kyoto ne pose de limitations d’émissions de gaz à effet de serre pour les pays en développement mais inclut des dispositions pour soutenir des réductions dans ces pays. Le Mécanisme de Développement Propre (MDP) en fait partie. Le principe ? Les pays industrialisés (au niveau d’un Etat ou d’une entreprise) payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des pays émergents, en échange de quoi ils gagnent des crédits carbone. Ces derniers peuvent être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs d’émissions. Les secteurs concernés par des projets MDP sont : l’énergie, le traitement des déchets, l’industrie, le secteur résidentiel et tertiaire, les transports, l’agriculture et le secteur forestier. Les projets MDP peuvent porter sur des économies d’énergie, des changements de combustible, des énergies renouvelables ou la création de « puits de carbone » (pour le secteur forestier).

A lire aussi sur terraeco.net :
Les 5 forêts sur lesquelles il faut miser C comme (marché) carbone Le faux départ de la bourse carbone
[1] l’ex-femme de Mick Jagger qui milite pour les droits de l’homme et la protection environnementale à travers le monde depuis 25 ans et a monté une fondation
[2] 1 700 projets enregistrés par le Conseil Exécutif du MDP et environ 6 000 sont en cours de développement
Julien Kostrèche

La déforestation pourrait limiter le réchauffement de la Terre

http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2623
La déforestation pourrait limiter le réchauffement de la Terre
Pascal Farcy 27 04 2007

Un arbre est un puits à carbone quand il est en phase de croissance, aussi la lutte contre le déboisement et l’encouragement à la reforestation sont considérés comme des leviers permettant de lutter contre le réchauffement de la planète. Toutefois, cet état de fait pourrait être bousculé par la publication d’une étude américaine qui estime, au contraire, qu’une déforestation des moyennes et, surtout, hautes latitudes de la planète pourrait limiter le réchauffement de 0,3 °C à l’horizon 2100. Si ce faible gain ne change probablement rien à la problématique de la fin du XXIe siècle, il est néanmoins intéressant d’analyser plus précisément ce qui permet aux chercheurs d’aboutir à ce constat.
Les forêts peuvent affecter le climat de plusieurs manières : - elles absorbent plus de gaz carbonique qu’elles n’en rejettent (essentiellement dans la phase de croissance des végétaux) ; - elles rejettent d’importantes quantités d’eau dans l’atmosphère, qui favorisent les nuages et aident à refroidir la planète tout en accroissant l’effet de serre ; - avec une végétation de couleur foncée, les forêts absorbent la chaleur du soleil, contribuant à son piégeage.
Jusqu’à présent, les stratégies visant à limiter le réchauffement climatique, en ayant recours à la plantation d’arbres, ont seulement tenu compte du premier effet cité. Or, en prenant en compte l’intégralité de ces paramètres, l’équipe de chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory (1), dirigée par Govindasamy Bala, démontre que dans certaines configurations l’effet albédo (2), du dernier point, peut inverser la contribution des forêts au réchauffement climatique. Si les zones forestières tropicales sont salutaires pour limiter le réchauffement climatique, le reboisement des forêts boréales canadiennes, scandinaves et sibériennes pourraient contribuer au réchauffement de la planète. Pour illustrer le problème, des pins aux aiguilles foncées pourraient donc avoir un impact plus important que des peupliers aux feuilles claires.
A mi-chemin de ces forêts, aux moyennes latitudes (Etats-Unis, majeure partie de l’Europe et de l’Asie), le reboisement n’apporterait que des avantages minimes pour le climat. En conclusion, bien que les chercheurs estiment qu’il convient de poursuivre les recherches pour obtenir des résultats plus détaillés, ils jugent que les forêts, en dehors des tropiques, ne devraient pas être considérées comme une stratégie d’atténuation face au réchauffement climatique.
Pascal Farcy

1- Le laboratoire national de Lawrence Livermore dépend de l'université de Californie pour le compte du département en charge de la sécurité de l'énergie nucléaire aux USA. Voir le site (en anglais). 2- Albédo : pouvoir réfléchissant d'un corps. Ainsi, un corps noir mat qui ne réfléchit pas a un albébo de 0%, quand celui de la craie est de 0,85.

La forêt amazonienne, source ou puits de carbone ?

http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3636
La forêt amazonienne, source ou puits de carbone ?
Elisabeth Leciak 07 03 2009

Cette semaine, la revue Science publie des résultats qui vont encore alimenter les débats scientifiques sur les puits de carbone. Ici, les recherches ont montré que la sécheresse menace les capacités de stockage du carbone de la forêt amazonienne, au point d’imaginer que le « poumon de la terre » puisse dégager plus de carbone qu’il n’en stocke. Ces observations sont le fruit d’un travail mené par une équipe internationale de 68 chercheurs, dont des membres français de l’INRA, du CIRAD (1) et de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, au sein du réseau RAINFOR (Amazon Forest Inventory Network). L’étude concerne plus de 100 sites forestiers sur une zone de 600 millions d’hectares, dans plusieurs pays amazoniens. Elle s’appuie sur un jeu de mesures effectuées sur 10 000 arbres durant 30 années de suivi. Dès lors, les scientifiques ont pu évaluer l’impact de la sécheresse de 2005 et envisager les réponses possibles du massif forestier au changement climatique.
Le suivi a montré que la sécheresse de 2005 avait causé une importante mortalité des arbres et que, durant cet épisode, seulement 51 % des parcelles forestières à l’étude continuaient à stocker du carbone, à hauteur de 0,5 tonne/ha/an. Les autres parcelles, elles, dégageaient du CO2, à raison de 6 tonnes de carbone par ha et par an. Ainsi, selon les chercheurs, l’effet de la sécheresse sur l’Amazonie pourrait être équivalent à celui du défrichement, que le GIEC estime, pour sa part, à l’échelle planétaire à des émissions de l’ordre de 3 milliards de tonnes de carbone par an.
Face au changement climatique, les experts craignent une recrudescence des épisodes de stress hydriques en Amazonie, et avertissent qu’alors la forêt pourrait contribuer à l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. En effet, une forêt peut séquestrer du carbone autant qu’en émettre et le jeu est subtil à l’intérieur des cycles de la matière. Les arbres captent du carbone par la photosynthèse et l'incorporent lors de leur croissance à la matière organique. Mais ils rejettent aussi du CO2, directement par la respiration et, indirectement, à leur mort et avec les débris, feuilles et branches. La matière organique, une fois au sol, en se décomposant sous l’action des micro-organismes renverra le carbone dans l’atmosphère en quelques dizaines d’années.
Ainsi, d’après Oliver Phillips, un des auteurs de l’étude parue cette semaine dans Science, « pendant des années, la région amazonienne a aidé à ralentir le réchauffement climatique. Si ce puits de carbone est amoindri, voire fonctionne à l’envers, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmentera encore plus». Cela dit, même si ces dernières observations soulèvent de vraies inquiétudes, mesurer le cycle du carbone à l’échelle planétaire n’est pas une mince affaire pour les scientifiques et il faut bien reconnaître que les phénomènes naturels de séquestration du carbone sont encore assez mal connus. Entre l’océan et les forêts, les travaux de recherche s’accumulent sur les puits de carbone et se contredisent parfois. Le mois dernier par exemple, paraissait une étude dans la revue Nature qui montrait que, entre 1968 et 2007, les capacités de stockage de la forêt tropicale en Afrique avaient augmenté pour atteindre 0,63 tonne par hectare et par an, une progression qui, selon les auteurs de l’étude, était équivalente à l’Amazonie où les arbres semblaient, cette fois, avoir gagné en biomasse durant ces 20 dernières années. Plusieurs hypothèses furent émises, et notamment la contribution du CO2 présent en plus grande quantité dans l’atmosphère, ou encore un meilleur ensoleillement qui stimule la croissance des végétaux pendant les périodes sèches. Evidemment, la question est complexe et les forêts tropicales du monde ne doivent pas être vues comme une surface homogène. Rien que pour l’Amazonie, les chiffres avancés dans la littérature sur ses capacités de stockage varie de 0,5 jusqu’à 7 tonnes/ha/an.
Puits ou source, les scientifiques semblent encore avoir un peu de travail avant d’y voir clair sur la contribution des forêts, en espérant que l’avancée des fronts de déforestation leur en laisse le temps.
Elisabeth Leciak

1- INRA : Institut national de recherche agronomique ; CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement

La grande braderie du crédit carbone ? Spéculations, subprimes à venir ?

http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3676
La grande braderie du crédit carbone ?
Elisabeth Leciak 31 03 2009

Entre réunion du G20 et préparation de la Conférence de Copenhague, les discussions sur les mécanismes financiers internationaux vont bon train. Evidemment, devant le changement climatique, l’autre crise globale, le crédit carbone n’est pas exempt du débat. En cette fin mars, deux grandes ONG environnementales, Greenpeace et Les Amis de la Terre, considèrent l’arrivée annoncée des USA dans le cape-and-trade mondial, la bourse d’échange du carbone, et publient à trois jours d’intervalle deux rapports sur les dérives que pourrait connaître le développement d’un marché carbone non régulé.
Ah la spéculation… !
Le principe mis en place par le protocole de Kyoto est simple : lutter contre le changement climatique se fait en favorisant les investissements pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le crédit carbone est, dans ce cadre, un mécanisme financier d’incitation visant à la conversion technologique vers des modes de production « plus propres ». Des quotas d’émissions (cape) sont fixés par les gouvernements et les Nations Unis et ne peuvent être dépassés. Quand une entreprise ou une institution ne réduit pas ses émissions et se trouve au delà du seuil qui lui est accordé, elle doit acheter des crédits et ce, au prix du marché conditionné par l’offre et la demande. L’échange se fait auprès d’autres entreprises qui disposent d’excédents de droits à polluer ou selon les mécanismes mis en place par Kyoto. Les crédits vendus sont alors issus des mécanismes de développement propre (MDP) et des projets de réduction des émissions de CO2, notamment dans les pays en développement. Ainsi, l’idée sous-jacente pourrait être que, tout en motivant les pays industrialisés à réduire leurs émissions, il s’opère un soutien financier aux pays du sud pour leur développement durable.
Disons qu’il s’agit là d’une idée un peu sommaire… dans la réalité du monde spéculatif que l’on connaît, il pourrait bien en être tout autrement. L’efficacité d’une telle procédure, pour autant qu’on y adhère et à l’instar de tout mécanisme de marché, dépend des volumes échangés et des valeurs de l’échange. Si cette bourse du carbone connaît une très forte progression (1), le marché est pour le moins fluctuant. Subissant les aléas de la crise financière et la réduction de l’activité industrielle de ces derniers mois, le prix de la tonne de carbone échangée en Europe est passé de 30 € en juin 2008 à 9,20 €/t en février 2009. A ce prix là, les pollueurs ont de quoi hésiter avant de faire de lourds investissements dans les énergies nouvelles. Devant de telles variations de prix, ils ont également de quoi réfléchir avant d’établir des stratégies à long terme. Et, évidemment, cette fluctuation favorise la spéculation. Les crédits carbone, comme toute valeur, peuvent être achetés, revendus, capitalisés. Ainsi la question centrale que soulèvent les rapports de Greenpeace et des Amis de la Terre est celle de la régulation. Si l’échange de crédits carbone devait être maintenu (ce qui est par ailleurs discuté par certaines associations environnementales qui lui préfèrent de loin le principe de taxe carbone), les ONG considèrent que son efficacité est conditionnée par la mise en place de règles strictes encadrant les marchés financiers, jusqu’à, peut être, un prix fixe pour la tonne de carbone.
Vers des subprimes carbone ?
Tirant les leçons de la crise économique actuelle, le rapport établi par les Amis de la Terre met en évidence les risques financiers du marché carbone et fait un parallèle direct avec l’affaire des subprimes de l’immobilier. Sans plus de contrôle, des crédits carbone pourraient être vendus sur la base de projets de réduction ou de séquestration du CO2 incomplets, en d’autre terme sans garantie. S’avérant quelques années plus tard inopérants pour la réduction des émissions, les crédits « à risque » pourraient perdre beaucoup de valeur. Revendus alors sur les marchés secondaires à bas prix, c’est l’effondrement du cours de la tonne carbone et, du même coup, la lutte contre le changement climatique passe à la trappe.
Avançant le même genre de critiques, le rapport de Greenpeace attire quant à lui l’attention sur les mécanismes du REDD (2) et les crédits carbone obtenus via des programmes de lutte contre la déforestation. D’après Greenpeace, la protection des forêts est relativement bon marché et il existe un risque que les compensations carbone obtenues avec ce type d’opérations ne diluent la valeur de tous les crédits. D’après les estimations, mettre sur le marché les crédits forestiers pourrait faire baisser de 75 % le prix de la tonne carbone. Mêmes effets dans la lutte contre le changement climatique : minimes. Alors, que préconisent au fond ces deux grandes ONG ? Tout d’abord, de « ne pas mettre ses œufs dans le même panier ».
Si de nombreux décideurs internationaux considèrent que le cape-and-trade est l’unique moyen de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, les Amis de la Terre invitent à l’inverse à développer plusieurs stratégies complémentaires. Pour Greenpeace, le crédit carbone devrait de toute façon être alloué en priorité au développement de technologies propres. Mais les deux ONG attendent avant tout de la part des institutions internationales et des gouvernements une véritable régulation d’un marché carbone qui, décidément, promet tout et n’importe quoi.
Elisabeth Leciak

1- La Banque Mondiale annonçait des échanges sur ce marché à hauteur de 550 millions de tonnes d’équivalent carbone en 2007, pour une valeur de 47 milliards d’euros, le double par rapport à 2006. 2- REDD : Reducing emissions from deforestation and degradation

La compensation carbone, bonne ou mauvaise pour le climat ? par Les Amis de la Terre 06 2009

http://www.actualites-news-environnement.com/20731-compensation-carbone-climat.html
La compensation carbone, bonne ou mauvaise pour le climat ?
05/06/2009 15:06 (Par Jean-Charles BATENBAUM)

La compensation carbone, bonne ou mauvaise pour le climat ? Une nouvelle étude détaille les risques et défauts majeurs de la compensation carbone issue du Mécanisme pour le développement propre (Mdp). Enjeu ? Les futures négociations sur le climat de Copenhague en décembre prochain.
Alors que se tiennent à Bonn de nouvelles négociations climatiques avant le sommet de Copenhague en décembre prochain, les Amis de la Terre Royaume-Uni publient un nouveau rapport met en avant les failles du Mécanisme de Développement Propre (MDP) et de la compensation carbone.

Ce rapport suit de prêt la sortie d'une récente analyse très critique du WWF sur la compensation carbone que nous avions évoqué il y a peu : Compensation carbone, des agences de certification très mal notées par le WWF .
Le mécanisme de compensation carbone a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans des projets au Sud au lieu de les réduire au Nord. L’étude détaille les risques et défauts majeurs du Mécanisme pour le développement propre (Mdp). Largement irrémédiables, ils doivent conduire à l’abandon du MDP, pour se concentrer sur la réduction des émissions domestiques des pays riches et le paiement de leur dette climatique aux pays du Sud.

Une nouvelle étude détaille les risques et défauts majeurs de la compensation carbone issue du Mécanisme pour le développement propre (Mdp). Enjeu ? Les futures négociations sur le climat de Copenhague en décembre prochain

Meena Raman, des Amis de la Terre Malaysie, estime que « les pays riches profitent du MDP pour ne pas modifier leur mode de vie ni réduire leurs émissions domestiques, pourtant très supérieures à celles des pays du Sud. Ce faisant, ils diffèrent les investissements impératifs chez eux pour de futures réductions radicales de leurs émissions d’ici 2050 : la compensation carbone ruine les chances de réduire les émissions des pays riches de 40 % d’ici 2020 et de 90 % au moins d’ici 2050, objectifs nécessaires basés sur la science. ».

L’étude détaille les cinq défauts majeurs de la compensation carbone. Ainsi, on apprend que la compensation carbone est incompatible avec les recommandations les plus sûres des scientifiques des Nations unies (réduire de 80 % les émissions mondiales d’ici 2050) : pour y parvenir, il faut réduire les émissions au Nord ET au Sud, non au Nord OU au Sud.

De plus, de nombreux projets MDP dans les pays du Sud auraient lieu dans tous les cas, même sans crédits carbone apportés par le mécanisme de la compensation carbone. Or un projet générant des crédits carbone mais n’étant pas additionnel augmente les émissions globales.

De nombreux projets du Mécanisme de Développement Propre (MDP) sont de nouveaux projets fossiles (centrales au charbon notamment), qui augmentent les émissions mondiales au lieu de les réduire.

En outre, la compensation carbone retarde les investissements nécessaires dans les pays riches pour de futures réductions radicales, notamment dans les infrastructures. Et enfin, la compensation carbone aggrave les inégalités dans la consommation carbone des pays riches et des pays pauvres, puisqu’elle baisse celle des pays du Sud sans modifier celle des pays riches.

Sylvain Angerand, chargé de campagne Forêts des Amis de la Terre France, ajoute qu’outre « le MDP, de nombreux pays européens et les Etats-Unis font pression pour inclure la déforestation évitée dans les mécanismes de compensation carbone au sommet de Copenhague. Cela transformerait les forêts du Sud en stocks de carbone placés sur les marchés financiers, au détriment de la biodiversité et des populations locales qui dépendent de ces forêts. Les forêts doivent rester en dehors des marchés carbone. »

Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre, conclut en estimant que cette « étude montre que le MDP, outre qu’il repose sur des méthodologies douteuses et des réductions en bonne partie artificielles, ne profite pas au développement soutenable des pays du Sud et retarde la remise en cause des modes de vie des pays riches. Il aggrave donc les inégalités. »

L’Union européenne et la France, reconnaissant plusieurs failles du Mécanisme de Développement Propre (MDP), ont annoncé sa réforme, mais sans la moindre proposition concrète. De plus, selon Les Amis de la Terre, une réforme du mécanisme de compensation carbone ne permettra pas d’en modifier les failles fondamentales, notamment le besoin de réduire à la fois les émissions au Nord et au Sud et non l’un ou l’autre.

Les Amis de la Terre demandent donc son abandon, pour se focaliser sur la réduction radicale des émissions domestiques des pays riches et le paiement de leur dette écologique.

Ce que pense Greenpeace des MDP (mécanismes de développement propre) et de la compensation 12 2009

http://www.actualites-news-environnement.com/20707-compensation-carbone-agences-certification-wwf.html

Compensation carbone, des agences de certification très mal notées par le WWF 03/06/2009 14:09 (Par Pierre MELQUIOT)

Selon une étude du WWF sur la compensation carbone, les agences de certification des projets issus du Mécanisme de développement propre « répondent mal aux attentes de l’ONU dans la validation, la vérification et la certification des projets qui leur sont soumis »
Alors que beaucoup attendent un fort développement du marché carbone de l’ONU après le Sommet de Copenhague sur le climat qui se tiendra en décembre 2009, une nouvelle étude du WWF révèle que les agences, issues du Protocole de Kyoto, qui certifient les projets de compensation carbone dans les pays en développement obtiennent de « piètres performances ».

A l’approche du Sommet de Copenhague sur le climat qui se tiendra dans quelques mois, une étude du World Wildlife Fund (WWF) révèle en effet que les agences qui proposent la compensation carbone obtiennent en fait de « piètres performances » dans les pays en développement.
Cette étude du WWF a attribué une note aux 5 principales agences de certification des projets issus du Mécanisme de développement propre (MDP), qui propose la compensation carbone aux pays riches.

Selon une étude du WWF sur la compensation carbone, les agences de certification des projets issus du Mécanisme de développement propre « répondent mal aux attentes de l’ONU dans la validation, la vérification et la certification des projets qui leur sont soumis »

Selon cette étude du WWF sur la compensation carbone, ces agences de certification des projets issus du Mécanisme de développement propre « répondent mal aux attentes de l’ONU dans la validation, la vérification et la certification des projets qui leur sont soumis ». L’ONU recevrait en effet de la part de ces cinq agences de certification « trop de projets qu’elle doit rejeter, réviser ou faire corriger. »

Sur une échelle de A (meilleur note maximale) à F (note la plus basse), les agences TÜV-Nord et TÜV-Süd obtiennent la meilleure note, la note moyenne D, suivis par SGS avec un E. BV Cert et DNV sont au bas de cette échelle de la compensation carbone avec la note F.

Le WWF avait par ailleurs montré lors d’une précédente étude que de « nombreux projets issus du Mécanisme de développement propre ne permettaient pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). »

Pour le WWF, il est donc vraiment impératif de renforcer le contrôle de ces agences de certification pour évincer à la base les projets de mauvaise qualité, un sujet à prendre en considération dans les réunions préparatoires au Sommet mondial du climat à Copenhague.

A lire : Comprendre la compensation carbone

Carbone et compensation de nos déplacements - le cas de l’aérien

Un article que j'ai écrit en décembre 2008, sur la compensation carbone des voyages, un sujet en vogue ; il avait paru sur les blogs ci dessous, et sur le site du ministère du Tourisme
http://www.veilleinfotourisme.fr/1227918340913/0/fiche___article/
http://blog.voyages-eco-responsables.org/?p=192
http://ethique.hommes-et-montagnes.fr/?p=76

A partir de 1992 le protocole de Kyoto amorçait la mise en place d’un marché du carbone, fixant des objectifs de réduction des émissions de CO2 aux industries les plus fortement émettrices. Le CO2 d’origine anthropique était enfin reconnu comme étant un des gaz à effet de serre (avec le protoxyde d’azote, les CFC, le méthane, etc.), facteur important du réchauffement climatique. Le tourisme échappa à son intégration au processus. Aujourd’hui, il est sous la double pression d’une vision d’un tourisme que l’on voudrait responsable, et de l’identification supposée claire du transport aérien comme étant une source importante de GES (gaz à effet de serre).
Le tourisme représente 5% des émissions mondiales de CO2. Les trois quarts de ces émissions sont liés aux transports utilisés pour se rendre sur son lieu de vacances, dont 40% sont imputables à l’aérien. On peut considérer que la part de l’aérien des émissions mondiales ne représente aujourd’hui que 2 à 3%. Au-delà du chiffre lui-même, ce sont ses prédictions de croissance qui sont inquiétantes, basées sur les projections de l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) qui prévoit un accroissement important du nombre des touristes à l’horizon 2011 (5% par an depuis 2006).
D’autant que l’on n’est pas prêt de trouver une alternative au kérosène pour faire voler les avions, et donc, contrairement aux autres modes de transport, l’avion aura du mal à voir son bilan carbone s’améliorer avec le temps.

Le tourisme a ceci de particulier qu’il fait voyager un consommateur, qui se déplace pour consommer un produit, et non le contraire comme c’est la plupart du temps le cas. Et donc cette activité aurait plus de compte à rendre qu’une autre filière économique.
On peut demander au voyageur d’avoir mauvaise conscience, et lui demander de mettre la main à la poche !
On voudrait dès lors voyager avec bonne conscience, concilier le plaisir de la découverte et annuler l’empreinte écologique de nos déplacements.
Ou, plus largement, est posée la question du devenir du transport aérien dans un monde, un jour, durable.

Nous allons essayer de voir jusqu’où cela est possible.

Notons qu’en soixante ans, notre mobilité individuelle est passée de 1500 à 4500 Km par an.
Les transporteurs aériens, qui doivent convaincrent leurs clients de voyager, arguent des progrès faits en terme de consommation par passager kilomètre (allègement des avions, amélioration des moteurs et de la gestion du trafic aérien) ; mais ces progrès sont largement annulés par l’augmentation du nombre d’avions et des kilomètres parcourus. Et cette activité peut craindre d’être un jour soumise à un mécanisme de compensation encadré et contraignant, à la source ; ce qui est actuellement prévu pour 2011. En attendant, elle profite d’un régime de faveur, en plus de bénéficier d’un kérosène exonéré de taxe (la fameuse TIPP) depuis 1945.
Les deux tiers des vols internationaux ont une motivation touristique. Ainsi toutes les grandes compagnies aériennes proposent à leurs clients de participer à des programmes de compensation volontaire ; chacun peut adhérer directement à l’opérateur de son choix (à propos de ses vols en avion, ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs). En attendant que cette compensation soit intégrée au prix de vente, à partir de 2011.

La compensation volontaire est donc fondée sur 2 principes :
1/ l’acte volontaire du consommateur
2/ les sommes récoltées sont gérées par des organismes privés non contrôlés, dans un secteur non réglementé, qui établissent chacun leurs propres critères. Ces organismes initient ou délèguent des actions de terrain visant à stocker du carbone ou supprimer/remplacer des activités générant des GES. D’où le terme de compensation.

Qui sont ces organismes ?
Toujours de statut privé, certains sont à but lucratif, d’autres non ; certains consacrent 75% des sommes aux projets, d’autres 25% seulement.

Comment calculent-ils vos émissions ?
Chaque organisme propose son propre outil de calcul, on devait dire d’évaluation, des émissions de CO2 ; et il apparaît qu’un même déplacement peut engendrer un volume de CO2 qui varie dans un rapport 1 à 3 ! Le modélisateur peut faire des choix dans ses paramètres, optimistes ou pessimistes : taux de remplissage de l’avion – très variable car dans un avion à moitié vide chacun pollue pour deux, modèle de moteur, la distance directe ou celle de l’avion – qui suit une route et non un axe ; il faut aussi considérer les escales – qui augmentent la distance et l’énergie du décollage, etc. Par ailleurs la fabrication de l’avion est-elle intégrée ? Ou le transport de son carburant ? Certains intègrent une valeur moyenne pour le trajet domicile – aéroport du voyageur.

Comment évaluent-ils la valeur de vos émissions ?
Ce secteur vivant en marge du marché réglementé, le prix de la tonne est fixé selon le bon vouloir de chaque organisme, qui a ses propres critères. On constate deux choses : a/ les prix varient de 1 à 15, voire 30 ; b/la moyenne des prix est 2 à 3 fois inférieure à celle du marché réglementé. Quand on pense que ces chiffres se rapportent toujours à une tonne de CO2 à compenser, il existe quelque doute quant à la crédibilité du système…

Comment choisissent-ils leurs actions compensantes ?
Les domaines possibles : a/ la production d’énergie renouvelable, visant à remplacer de l’énergie d’origine fossile, b/ le développement de technologies liées à l’efficacité énergétique, pour qu’une même quantité d’énergie produite ait moins d’impact sur l’environnement, c/ le piégeage et le stockage du carbone, bien que l’on ne sache pas à ce jour, et probablement pas avant 2030 comment y parvenir à une échelle industrielle, sans inconvénient majeur (par exemple, devoir transporter le CO2 piégé pour le stocker dans des centres d’enfouissement).

Les limites de la portée
Compenser ses émissions de CO2 n’annule pas les pollutions autres générées par nos transports, dont on ne connaît pas toujours les effets (protoxydes d’azote, hydrofluorocarbones, etc.).
Il ne sera jamais possible de stocker les volumes permettant d’atteindre les objectifs de Kyoto, même en cumulant toutes les solutions techniques, dont le coût croit exponentiellement avec la technologisation et les volumes à traiter.
Le principe d’additionnalité est essentiel : il faut que le projet envisagé apporte la preuve que sans lui le progrès envisagé n’aurait pas eu lieu, ce qui est très difficile. Dans le cas de distribution de cuiseurs solaires par exemple, comment peut-on savoir si les gens s’en serviront vraiment, combien de temps ? Et donc comment évaluer le bois non brûlé – qui a parfaitement pu être affecté à d’autres utilisations ou simplement vendu comme charbon à la ville la plus proche ? Dans ce cas, que vaut le calcul de poids de CO2 compensé que l’on vous a vendu ?

Comment évaluer les résultats ?
Il est quasi impossible pour le particulier d’évaluer ses émissions à compenser, ni d’avoir un avis sur un projet qu’il devrait choisir : il doit s’en remettre à un organisme, qui lui-même peut adhérer à des chartes ou un cahier des charges bien défini.
Les quatre organisations de compensation les mieux classées actuellement sont : NativeEnergy, Climate Friendly, Atmosfair http://www.atmosfair.de/index.php?id=9&L=3 et Myclimate https://climatefriendly.com/ . Seules ces deux dernières adhèrent à Gold Standard www.goldstandard.org , le meilleur standard d’évaluation et d’action actuel, qui n’inclut que les projets d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable. L’organisme français le mieux placé est CO2solidaire, qui ne soutient aucun projet de reforestation, comme par ailleurs Climat Mundi.


A propos des programmes de (re)forestation pour piéger du CO2
Actuellement les procédés de stockage du carbone sont à l’étude. A propos de la biomasse, qui est un des moyens, les botanistes et les spécialistes du cycle du carbone disent que ces initiatives peuvent être justifiées si les forêts plantées sont assurées de vivre au moins cent ans ; la dépense de CO2 d’aujourd’hui est donc étalée sur cette durée… Au vu du rythme actuel de la déforestation, et des interférences politico économiques qu’elle génère, on peut considérer qu’il est peu d’endroits au monde où l’on soit assuré de la pérennité d’une forêt. Il y a de fortes chance que l’arbre se transforme avant terme en bois d’œuvre (palettes jetables, papier, charpente ou meubles, etc.), ou soit détruit par un incendie. Il est donc accepté de compenser des émissions bien réelles aujourd’hui par des effets futurs purement spéculatifs.
De plus un arbre qui a fini de croître capture sensiblement moins de CO2.
Notons par ailleurs, qu’à grande échelle, les masses sombres captent et piègent la chaleur. On sait maintenant que les effets du couvert forestier sur le climat sont très différents suivant la latitude.
Les experts du GIEC prédisent que de toutes façons il y a aura élévation de température de 2 à 3° ; quelles seront alors les chances de survie des espèces plantées dans des conditions écologiques différentes ?
Le bois, en se décomposant – les arbres ne sont pas immortels- dégage du CO2, mais aussi du méthane, 40 fois plus contributeur que le CO2 à l’effet de serre…
Le volume de CO2 séquestré par une forêt, dans le temps, est une estimation largement aussi approximative que le calcul des émissions en avion d’un seul passager.
Un scientifique britannique a même ironisé en comparant ces programmes au fait « de demander aux gens de boire plus d’eau pour compenser l’élévation du niveau de la mer »…
L’investissement en plantation d’arbres n’apporte aucune réduction de la dépendance aux combustibles fossiles.
Et la plantation d’arbres non natifs des régions reboisées détruisent les équilibres biologiques des sols, en les dégradant et les appauvrissant. C’est tout le fonctionnement de l’écosystème qui est ensuite perturbé.
Les analyses de John Stiglitz démontrent que la compensation ne sert à rien si l’on déforeste ailleurs ; il serait bien plus efficace de lutter contre la déforestation actuelle.
Les indicateurs sont donc nombreux pour dire que planter des arbres ne fait que déplacer le problème dans le temps, et dans l’espace, puisque nous produisons du CO2 ici et maintenant, et plantons là-bas pour demain…

Le secteur aérien, et plus largement celui du tourisme, devront de manière volontariste :
Ø Optimiser mais surtout diminuer la consommation d’énergie
Ø s’intégrer dans le marché réglementé du carbone
Ø fiabiliser le système de compensation volontaire

En l’absence de données globales sur le chiffre d’affaire de ce dernier, on peut dire seulement que moins de 0,1% des voyageurs en avion compensent leurs émissions de CO2.
On ne peut laisser cette activité, sous prétexte qu’elle est volontaire, sans règle de fonctionnement ni régulation. La tendance actuelle est à la récupération par les entreprises qui développent une sorte de marketing de solidarité avec la planète, que les anglo-saxons appellent le « greenwashing ». Pour que ce système, qui porte en lui ses ambiguïtés et ses limites, puisse prendre la place qu’il mérite, Voyageurs et Voyagistes Ecoresponsables appelle donc de ses vœux :

1/ une harmonisation des modes de calcul des émissions de CO2.
2/ une harmonisation des standards, et la définition d’un label de haut niveau, car on voit déjà poindre bientôt la concurrence entre ces organismes non contrôlés, c’est-à-dire celui qui évaluera vos émissions les plus basses pour un même déplacement, ou qui proposera la tonne la moins chère. Il est aussi nécessaire de réfléchir à ce que la rentabilité d’un projet au sud ne pénalise pas le développement au Nord de projets issus des compensations volontaires ; car se pose la question éthique de demander aux pays du Sud de « compenser » les émissions du CO2 du Nord.
Il faut pouvoir assurer le consommateur qu’un organisme de compensation ne revendra pas vos « droits à polluer » à un autre organisme moins regardant, du marché régulé ou non (il importe de neutraliser la création de valeur monétaire à partir de ces programmes).
Il est nécessaire de connaître de manière transparente la part consacrée à son propre fonctionnement.
Les mécanismes de compensation doivent très largement privilégier les programmes d’économies d’énergie fossiles et de développement/encouragement des énergies renouvelables (création ou augmentation nette d’énergie produite).
3/ une transparence des modes de calcul et des actions engagées, et donc le bénéfice réel pour l’environnement ; c’est le seul moyen d’amener les voyageurs vers les programmes volontaires de compensation.
4/ insiste pour dire que la compensation, volontaire ou obligatoire, n’est pas un passeport pour polluer en toute bonne conscience ; et ne peut permettre l’économie d’une réflexion sur nos modes de consommation des transports.

En attendant que les voitures affichent au compteur leurs émissions instantanées, et que les produits de consommation courante annoncent leur empreinte écologique…
Et en attendant que l’on sache réellement capter, et stocker, du CO2…

Bon à savoir : l’achat de CO2 à un organisme français est déductible à hauteur de 66 % de votre impôt. [Ceci est une information éronnée - correction à venir dans un nouvel article à paraitre en janvier 2010 - Pascal Lluch].

Nous vous conseillons, pour calculer vos contributions d’émissions CO2
http://www.leclimatentrenosmains.org/
L’Ademe a conçu un site www.compensationco2.fr qui fourni de multiples informations.
http://www.manicore.com/ est le site de référence en français sur le sujet.
Consultez aussi http://veilletourisme.ca/2007/07/26/achat-de-credits-de-carbone-lors-de-voyages-a-bilan-%c2%abcarbone-neutre%c2%bb/