Pourquoi ce blog ?

Nous refusons de croire ce que nous savons…

La compensation carbone des voyages pose les questions de la durabilité des modèles du tourisme d’aujourd’hui :

> Peut-on réduire la quadrature du cercle, celle d'un nombre croissant de voyageurs en avion, d'un stock fini de pétrole, et d'une technologie encore inexistante, même embryonnaire, pour faire voler des avions avec autre chose que du kérosène ?
> La compensation pratiquée à ce jour induit-elle une nouvelle forme de colonialisme ?
> Quelle spéculation lègue t-elle aux générations futures ?

De vraies questions qui appellent de vraies solutions. Le tourisme, et pas seulement le transport aérien, devront subir, ou organiser leurs mutations.

Ces questions sont à peine abordées, en général, dans les articles consacrés au sujet.
Vous en trouverez sur ce blog une sélection, pour vous faire votre propre idée.

Voyageur, si ces propos te dépriment, tu peux te balader sur mes diaporamas ci-dessous...

samedi 2 janvier 2010

Un article de l'Usine Nouvelle sur la compensation carbone 18 12 2009

http://www.usinenouvelle.com/article/l-empreinte-carbone-seule-certitude-pour-copenhague.N123408

L’empreinte carbone : seule certitude pour Copenhague

Les organisateurs du sommet sur le climat ont évalué leurs émissions de CO2 et promettent de les compenser. De plus en plus utilisé, le mécanisme qui vise à promouvoir des projets vertueux pour neutraliser son impact sur l’effet de serre est aussi très critiqué.

40 500 tonnes de CO2. La facture carbone de la conférence climatique de Copenhague, évaluée par la présidence danoise, est pour le moment la seule certitude du sommet. Et sans surprise, les avions empruntés par les négociateurs, chefs de gouvernement, lobbyistes et autres journalistes y sont pour quelque-chose. Ils représentent 90 % du total ! Alors que les discussions s’enlisent, les critiques pleuvent : comment prétendre sauver la planète en montrant le plus mauvais des exemples ? Pour se faire pardonner, plusieurs participants ont décidé de compenser volontairement leur empreinte carbone en finançant des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement danois, en partenariat avec le Bangladesh et la Banque mondiale, propose même une compensation intégrale du sommet. Il va investir 700 000 euros dans le remplacement d’une vingtaine de fours à briques à Dhaka. Ce qui pourrait réduire de 100 000 tonnes par an les émissions de CO2 bengalies. Et améliorer la qualité de l'air dans une des villes les plus polluées du monde. Désormais très prisée par les entreprises et en particulier par les cadres qui prennent beaucoup l’avion, la compensation volontaire est pourtant un mécanisme de plus en plus critiqué.Dans un rapport publié en juin dernier, la division britannique des Amis de la terre la qualifiait de « distraction dangereuse ». Jugeant encore plus sévèrement les mécanismes de développement propres (MDP) qui consistent pour les entreprises les plus polluantes à institutionnaliser cette compensation et à la valoriser monétairement en crédits carbone. Dans un ouvrage qu’il vient de publier*, l’enseignant chercheur à l’université de Lausanne, Augustin Fragnière, est lui aussi très critique. Avec un argument qui est d’abord technique : « Il n’existe pas de méthodologie de calcul nous permettant de savoir précisément quel est l’impact d’un trajet en avion, explique-t-il. On peut déterminer par exemple combien un pays entier émet de gaz à effet de serre sur la base de sa consommation d’énergies fossiles. Mais sur un vol, tout dépend du taux de remplissage de l’avion, du plan de vol, du modèle, des conditions météos… Si vous utilisez un outil de calcul automatique, vous verrez que cela va du simple au quadruple ! ».

Un mécanisme pour se donner bonne conscience ?

La critique vaut aussi pour l’évaluation des émissions évitées par les projets de compensation. Ce que soulignait d’ailleurs une étude de l’Ademe publiée début 2007. Elle notait « une grande hétérogénéité » dans l’offre. L’année suivante, le ministère de l’écologie jugeait nécessaire de se doter d’une charte permettant de « garantir progressivement la qualité et la fiabilité du dispositif de compensation volontaire en France, tout en le connectant aux initiatives internationales existantes ». Pour les détracteurs du mécanisme, la donne n’est pourtant pas vraiment différente aujourd’hui. Même si comme le souligne Augustin Fragnière, « on ne peut voir que d’un bon œil les réglementations qui permettent d’orienter les choix vers des projets ambitieux ». Car si certains prestataires mènent des programmes vertueux en termes d’emplois ou de transfert de technologie par exemple, d’autres cherchent avant tout une réduction des émissions au moindre coût… avec des méthodes d’évaluation qui restent sommaires puisque la compensation volontaire est assez peu encadrée.Au-delà de la méthodologie, les termes « compensation » ou « neutralité » agacent les opposants au mécanisme. Car ils sous-entendent qu’on peut annuler une émission de gaz à effet de serre. N’est-ce pas une manière pour les pays riches de se donner bonne conscience « pour ne pas modifier leur mode de vie ni réduire leurs émissions domestiques, pourtant très supérieures à celles des pays du Sud », demandait Meena Raman, représentant les Amis de la Terre en Malaisie à l’occasion de la remise du rapport. Tout en faisant la promotion du mécanisme, l’Ademe insiste bien sur la nécessité pour la compensation de « s’inscrire dans une logique de neutralité carbone : elle doit toujours accompagner ou suivre la mise en œuvre de solutions énergétiques alternatives ou d’efforts de réduction des émissions »… Mais dans les faits, « la neutralité carbone n’est pas assez bien définie, insiste Augustin Fragnière. Si on prend deux entreprises neutres, on peut en avoir une qui a fait l’effort de réduire ses émissions de 40 % sur site et une autre qui s’est payé des mécanismes de compensation bon marché. Ce n’est pas normal. Si on veut être ambitieux, il faut prendre le taureau par les cornes ».Olivier Descamps

* La compensation carbone illusion ou solution ?, Augustin Fragnière, puf, novembre 2009, 208 p.

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